par roland65 » 11 Nov 2018, 18:39
Et tant que j'y suis, je vous transcris aussi le texte de la chanson de Nicolas Comment "Comme une forêt la hache", parue en 2010 sur son excellent album "Nous étions Dieu" :
COMME UNE FORÊT LA HACHE (paroles et musique Nicolas Comment)
Puisque vous n'êtes pas mort
que vous serrez le mord
et que vous êtes encore
dans une rue d'Angkor
Puisque vous tenez bon
quand vous passez le pont
que vous bombez le torse
sur votre crazy horse
Je vous salue Monsieur
depuis le quai d’en face
Observant votre face
sur les pochettes carrées
des vynils rayés
Où s'effacent les sillons
à la casse, au pilon
Écrit en bas de casse
ou bien en capitale
votre nom propre Monsieur
lointaine capitale
d’un pays de la carte rayé
Que n'avez-vous chanté
dans un désert hanté
le ludion le mica :
alluvions dilués
à travers le pare-brise
d'une vieille Simca
et les ombres bleues-grises
de quelques amours âcres
sur fond de ciel de nacre
Votre manière Monsieur
de ne pas faire danser
de ne jamais entrer
en transe ni en scène
Contre ce qu'on enseigne
tout Contre Ceux qui saignent
Votre faconde stancée
votre phrase scandé
comme un pavé lancé
Votre façon Monsieur
de peler chaque fruit
d'épeler tous les maux
et de panser les plaies
d’une gaze fragile
un filet de salive
une bave plus agile
que celle de Roda-Gil
C'est Pynchon et Blanchot
la biche et le cabri
ce toutou qui chevrote
dans votre gorge rouge
ou bouge cette glotte
Dans le temps et l’espace
d'ailleurs et d'autrefois
ainsi qu'une messe basse
de tres très loin la voix
comme blanchie à la chaux
Mais quelqu'un s’en souvient peut-être
l’eau vous coulait sur la tête
ainsi que sur une bête
et charriait dans sa chute
tout le monde et la crasse
que vos paroles embrassent
et sur quoi les mots butent
Oui quelqu'un s’en souvient peut-être
du lointain temps où vous
étiez studieux Monsieur
dans la cave et les câbles
du studio de Milan
Dans la grande accolade
des guitares la cascade
de phaser de delay
Les phrases que vous disiez
avaient un certain poids
des lors que vous sentiez
glisser dans votre dos
du serpent froid l'anneau
Puisque vous n'êtes pas mort
que vous serrez le mord
et que vous êtes encore
dans une rue d’Angkor
Puisque vous tenez bon
quand vous passez le pont
que vous bombez le torse
sur votre crazy-horse
Je vous salue Monsieur
et vous serre la paluche
comme un tout p tit donald en pluche
Celle-là même qui épluche
la grande pomme de terre
l'orange bleue amère
où vous alliez naguère
les cheveux en arrière
Je vous salue Monsieur
et vous serre la pogne
Celle-là même qui cogne
en sentant sous ma paume
vos coussinets de faune
et la griffe qu'ils cachent
comme d'une forêt la hache
La griffe dissimulée
dessous vos coussinets
comme d’une forêt la hache
Vulnerant omnes, ultima necat