par Monfreid... » 25 Mai 2018, 08:58
c'est bien ce que je dis : doigt mouillé.
tu as des kids, des stagiaires etc... et donc, tu t'ai mis à youtube, à chercher des chaines intéressantes, à écouter ce qu'ils écoutent entre eux (et pas forcément de ce dont ils parlent dans un contexte familial ou de boulot), à ce qui s'écoutent ailleurs que dans ces sphères sociales (étrangement les gamines de centre social où je bosse le samedi n'écoutent pas la même chose que celles qui viennent d'un lycée privé... ouais je sais, avant la musique était un grand tout universel etc etc), tu as commencé à écouter des podcast ... ?
et, sans déconner, j'l'ai pas vu venir le coup du "je me souviens d'un gamin qui apportait du Vian et on pouvait en discuter".
sur la lecture j'vais prendre un seul exemple : le rayon manga et depuis peu le rayon comics.
merci de m'éviter le "de mon temps y'avait le magazine Strange", ce n'était pas beaucoup distribué et une seule parution par mois (avec parfois un hors série) contre 12 parutions marvel/mois et 6 parutions/DC comics actuellement, avec une majorité de lecteur en-dessous des 25 ans. Rien que sur les comics,ça se vend suffisamment pour avoir une vingtaine de titres par mois. Je ne parle même pas des mangas, ni de la lecture en ligne (parce que beaucoup de gamins-ados vont lire en ligne les scans ou scantrad avant la parution en album en France, puis achète le volume lors de sa parution).
Ce marché n'a pas non plus remplacé la bd dite franco-belge puisque dans ce seul domaine on atteint les 200 à 300 parutions d'albums/mois sur l'année (ce qui lisse les pics des rentrées littéraires) et même si le public a eu tendance à vieillir sur ce secteur après la vague "l'association", un nouveau lectorat plus jeune émerge depuis 5 ans.
sur la fantasy (j'avais évoqué la bit lit aussi), les lights novels et autres parutions de ce type... ça n'existait pas et là tu as des rayons entiers (tu as même un rayon "littérature ado" à la fnac désormais)
que ce soit sur la musique ou sur la littérature, soit tu ne connais pas, soit tu me parles d'Harry Potter... pour te donner une idée : Harry Potter première sortie en France c'est pour des mômes qui ont... 30 ans aujourd'hui. Je ne dis pas que ce n'est plus lu, mais ça a 20 ans, c'est comme si en 1982 tu me disais : "les jeunes ils écoutent les beatles de nos jours".
sur la comparaison des époques
si on veut dépasser le ressenti perso qui du fait même de sa subjectivité renvoi systématiquement à des biais de confirmation. Il faut des outils. Or, même les tenants de l'hypermodernisme le plus absolu (et j'en connais), te diront que si désormais tout se vaut et qu'il n'y a plus de hiérarchie artistique (c'est-à-dire que la production d'un blog d'adolescent peut s'étudier aussi bien que le dernier prix nobel) ce n'était pas le cas avant les années 1970 (1965 pour les américains les plus hardcore sur le sujet).
C'est-à-dire que l'on peut effectivement voir des filiations entre les courants et les artistes afin de dépasser le côté "balise historique" (c'est pratique mais ça ne mène pas loin). Ainsi, on peut citer wagner, chopin, puis s'intéresser à beethoven, Tchaïkovski, Bartok et arriver à Debussy de là on s'aperçoit que tout comme beethoven écoutait les airs traditionnels pour les réinterpréter à sa manière (dans un mouvement qui rappel celui de Bach et d'autres) Debussy était quant à lui très à l'écoute de son temps (il y a des morceaux vraiment, vraiment très jazz chez lui, c'est fou). On peut donc voir des filiations afin de percevoir des courants et des influences artistiques mais on voit aussi que la musique évolue, se modifie et s'écoute différemment (du fait des changements sociaux, des cadres et sources de diffusion etc). De fait il faut trouver un équilibre entre la tentation de tout cadrer par des dates d'un côté et la tentation de tout lier sans prêter attention aux mutations sociales de l'autre.
En littérature, par exemple, l'idée de plagiat est très récente, avant il était même bien vu de reprendre.réécrire les oeuvres d'autres auteurs antérieurs (en gommant ou pas la référence, ça dépend là aussi du support), il y avait même des périodes ou des moments où le truc était de dire "je n'ai fait que recueillir ce texte je ne l'ai pas écrit" et de le publier de façon anonyme ou sous un prête nom. Le plagiat donnerait lieu à des procès de nos jours.
Du coup, c'est sympa de tout vouloir comparer mais si c'est pour confirmer des impressions personnelles... faut juste éviter de généraliser.
ps : hier le père d'un gamin voit que je lis "le monde du fleuve" et me dis "ha ! vous lisez de la vraie science-fiction, vous avez bien raison, c'est dommage que ce genre soit mort et qu'on ne sorte plus rien de bon aujourd'hui"... sans parler des sorties actuelles, le pauvre ne connaissait même Iain M Banks (poke à Lionel ^^).
je les ai tous empaillés, jusqu'à la dernière peluche !