par Monfreid... » 16 Déc 2017, 11:42
Son propos me gêne pour plusieurs raisons.
Il y a une essentialisation de la prostituée vers un imaginaire d’homme européen à qui l’on « offre » des beautés et de la gentillesse. Alors en chanson, en art, dans les médias c’est un questionnement (moral en général) qui revient souvent, de Nabokov à Alizée en passant par les lolitas japonaises et Slocombe, mais là, c’est juste glauque et tellement vieux et dépassé que ça en devient gênant.
Le glissement vers Nerval me gonfle de plus en plus. Sérieux, ça fait quoi vingt ans qu’il nous bassine avec son dix-huitième siècle et son dix-neuvième siècle littéraires, sur fond de « j’ai connu ça », « c’était mieux avant », « à l’époque on savait écrire ». Et d’une ça n’a aucun sens (c’est pas comme s’il remotivait une vieille image, il l’emploi dans son sens le plus ringard. Suffit d’ouvrir un manuel pour voir que le propos existe depuis… l’antiquité) et de deux qu’est-ce que Nerval vient foutre dans ce propos ?
Ensuite, on passe de la prostitution à la pornographie en mode souplesse, gef sans échauffement, comme si ça coulait de source, alors que non. C’est un biais rhétorique sympathique dans une discussion de comptoir à l’heure de l’apéro, mais ça n’a pas plus de valeur que la pensée philosophique ou linguistique de Finkeltruc. Là encore il y a une essentialisation trop facile. Il veut se démarquer, raconter autre chose, s’appuyer sur son expérience perso pour nous dire à quel point c’était mieux avant et ailleurs, il l’a déjà fait (en mieux) et Lavillier aussi (en mieux aussi) et ça date déjà comme propos, mais si c’est pour verser dans les amalgames du type : prostitution = pornographie, au mieux c’est bof au pire c’est insultant.
Le dernier point sur l’accès à la pornographie est encore plus fallacieux, là encore on tombe dans généralisation à l’emporte-pièce versus une sorte d’idéal personnel (invérifiable en l’état) et romancé. Il ne dit pas qu’il y a moins de pornographie chez les jeunes filles d’antan que chez les jeunes de nos jours, il dit qu’il y a moins de pornographie chez tous les gens qu’il a rencontré partout dans le monde avant que chez les jeunes de nos jours, dans les deux cas c’est du cliché tant qu’on ne définit pas les termes (ce qu’il ne fait jamais).
Le propos n’a aucun sens, il est juste porteur de lieux communs. Ça fait plaisir les lieux communs, ça rassure mais bon ça devient vite ridicule. Mon problème est le suivant : il viendrait faire sa pub sur un plateau tv en mode « passe-plat » et aurait de tels propos, pas de souci c’est le lieu et le moment pour ça, on ne lui dirait rien et il serait bien au chaud dans le placement produit avec force image d’Epinal. Maintenant, il refuse ce format, il veut contrôler sa parole et son image, dans ce cas qu’il réfléchisse un peu parce que là il n'y a pas l'excuse de "c'est le format" ou "c'est pas ce que je voulais dire". En même temps, il faudrait aussi que les journalistes ne soient pas dans la posture « je rencontre une légende (sic) de mauvaise humeur qui refuse les photos » et qu'ils se permettent autre chose.
Je préférais sa période bouddhiste c’était tout aussi lourd niveau images faciles, réchauffées, et raccourcis gratuits mais ça faisait moins peur moralement.
je les ai tous empaillés, jusqu'à la dernière peluche !