Le gros coffret de novembre

[Arthur Gordon Pym]

Je n'ai pas jugé utile de préciser que l'aspect irrationnel se situe côté public et non côté artiste, cela va de soi. Parfois l'artiste peut subir cette relation jusqu'à en souffrir ; combien ont perdu les pédales à cause de cela ! D'autres en profitent abusivement de différentes manières. Côté public, nous avons connu la beatlemania qui a été la plus spectaculaire de ces manifestations de masse incontrôlée, autour d'un artiste. C'est à cette époque que s'est développé à outrance le merchandising qui permettait de vendre tout et n'importe quoi à des fans avides de posséder badges, casquettes, T-shirts, etc... Money for nothing. Parfois cette relation devient quasi-mystique.

En outre il n'est pas question de vouloir se convaincre les uns les autres sur un forum, mais il est intéressant d'échanger des idées. Parfois ces échanges permettent d'ouvrir certaines perspectives auxquelles nous n'aurions peut-être pas songé autrement, ou simplement de nous rappeler des choses oubliées. Surtout n'hésitons pas à donner nos points de vue, le point de vue étant bien une vue à partir d'un point où l'on se situe à un moment donné.

[villon]

L'argent il s'en fout royalement, il ne compte pas comme "nous", ce qui a de la valeur c'est comme les Traders : les courbes ascendantes ou descendantes, par contre un original, ou une macule (print raté des premières éditions) il adore. En fait il gère à la va-comme-je-te-pousse son matériel pas plus, Bayon disait un épicier, ce n’est pas loin.
C'est un roi qui ordonne de la baguette, ce n’est pas le meilleur de lui, mais les autres dans la chanson c'est encore pire.
C'est peut-être cette froideur qui le rapproche du système et qu'il n'est plus artiste à ce moment, mais un bon VRP.
Alors que Murat se prend les pieds dans le piège du poète maudit qu'il croit être. Pour le chiffre des coffrets 400 4000 c'est pareil.
Mais dès qu'on touche l'artiste il est plus sensible qu'une feuille dans le vent et ses yeux s'embuent vite, son visage blêmit.

[Aubert]

L'argent il s'en fout royalement? J'en doute fort.

[mawashi]

Un jour finir vendeur... heureux comme ça...

[Arthur Gordon Pym]

Extrait d'une interview de Gérard Manset, parue dans les Inrocks du 19/05/1991, par Arnaud Viviant :

"Matrice a été disque d’or. Cela a-t-il changé quelque chose pour vous ?

Non. La chose est en l’état, intacte, compacte, homogène. La chose est tenue, gérée, dirigée, élaguée, de façon tout à fait concise, précise, depuis toujours, depuis le premier jour, depuis le premier 45 tours Animal on est mal. Bien sûr, quelques petits accrocs sont parfois venus griser le tableau. Mais bon. Quant à la méthode de vente, elle est toujours la même. Conditionnée plus ou moins par le produit, et cela sans l’avoir voulu, sans l’avoir cherché, sans même savoir que j’aurais la patience d’attendre dix, douze, quatorze, seize albums. Pensant à chaque fois, depuis La mort d’Orion, que ce serait le dernier. Ou, en quelque sorte, ne faisant qu’honorer des contrats que je m étais soigneusement rédigés moi-même. Cela peut sembler une forme de fascisme dans les conditions de travail, ou tout du moins un privilège ultime, ces contrats auto rédigés. Mais non. C’est simplement qu’au royaume des aveugles, un borgne qui a fait ses preuves et qui présente un contrat aux clauses dures mais respectables, ne rencontre aucune opposition. Rien n’a donc changé. Cette forme ultime de sécurité a toujours existé, depuis le premier titre du premier 45 tours. Elle a ensuite toujours été renouvelée quasiment d’office, et même par anticipation, afin de n’être pas sujet aux pressions d’autres maisons de disques. Bref, je n’ai jamais privilégié qu’une chose : le disque, son contenu, sa pochette. Et voilà d’ailleurs pourquoi j’ai balancé une certaine quantité de choses que j’avais faites : parce qu’elles n’étaient pas homogènes avec l’idée d’éternité que je voulais les voir
représenter."

[Geronimo355]

Un autre extrait datant cette fois de 1996, très révélateur d'une sensation d'échec sur le plan commercial puisqu'il affirme qu'il aurait aimé vendre plus d'albums et avoir davantage de reconnaissance publique :

- Vous aimeriez avoir plus de succès, une audience plus large ?

- Je me souviens que ça m’a pris la tête de ne pas faire deux cent mille albums avec Lumières. A l’époque, il n’y a pas eu ce que je n’attends même plus aujourd’hui : je pensais qu’un jour les gens se rendraient compte de ce que je leur mettais entre les pattes… Je sais qu’il y a là un répertoire unique d’auteur-compositeur. A la Sacem, ils connaissent même pas mon nom. Si je dis Manset, ils vont me faire épeler le nom quinze fois. Pourtant ils en ont pas cinq comme ça. Bon, maintenant, tout ça, je le sais. Mais il fut un temps où je me disais “Un matin, ils vont se réveiller, et ça va péter, ça va virer au phénomène de société.” Et ça n’a pas pété.

http://www.lesinrocks.com/1996/12/11/mu ... -11233010/

[Aubert]

Extrait d'une interview de Gérard Manset, parue dans les Inrocks du 19/05/1991, par Arnaud Viviant .

Preuve que depuis il a bien retourné sa veste. Ou bien qu'à l'époque il se foutait déjà de la gueule du monde en prétendant des choses qu'il savait être en décalage avec sa réelle façon d'être. Indifférent aux très bonnes ventes de Matrice? Ouiiiii, bien sûr! Quel artiste se moquerait de voir s'élargir son auditoire? Qui est assez con pour croire celui qui prétendrait que ce n'est pas très important?

Que ce soit dans ces propos de 91 ou dans sa manière cupide de gérer son commerce aujourd'hui, il y a de toute évidence un truc qui sonne faux, déguisé, facticement désintéressé.

[Arthur Gordon Pym]

La vie n'est pas un long fleuve tranquille, l'existence n'est pas linéaire. A un moment donné et dans un contexte favorable, on peut se tracer une ligne de conduite basée sur certains principes mais, avec le temps (Ferré), les données changent, la vieillesse pointe le bout de son nez, la santé commence à décliner, des problèmes peuvent surgir dans la famille, etc... Tout ceci peut conduire à voir les choses d'une autre façon. Il se peut que des besoins nouveaux surgissent et qu'il y ait nécessité de leur trouver un financement. L'argent peut être une préoccupation secondaire à un moment donné et devenir vital à un autre moment. On ne sait donc pas si Manset s'est mis à aimer l'argent ou s'il en a maintenant besoin pour financer on ne sait quoi. Je doute que l'on puisse, sans raison, se mettre du jour au lendemain à aimer l'argent pour l'argent.

[mawashi]

à son âge il faut commencer à penser aux résidences médicalisées et ça ça coûte un bras...

[roland65]

Je vous trouve un peu durs quand même... Manset a toujours aimé l'objet coffret, qui rassemble l'oeuvre et qui marque un jalon. Libre à vous de l'acheter ou pas, il me semble...

Je rappelle qu'il ne passe pas à la télé, très peu à la radio, il n'y a quasiment pas de pub...

On est donc très très loin d'une quelconque logique commerciale...

[Arthur Gordon Pym]

Je vous trouve un peu durs quand même... Manset a toujours aimé l'objet coffret, qui rassemble l'oeuvre et qui marque un jalon. Libre à vous de l'acheter ou pas, il me semble...

Je rappelle qu'il ne passe pas à la télé, très peu à la radio, il n'y a quasiment pas de pub...

On est donc très très loin d'une quelconque logique commerciale...

Ca c'est du factuel, Roland, tu as raison de faire ce rappel, tout le reste n'est que conjecture.

[pollux bis]

à son âge il faut commencer à penser aux résidences médicalisées et ça ça coûte un bras...

Un appareil auditif ne lui ferait pas de mal non plus.

[Geronimo355]

Je vous trouve un peu durs quand même... Manset a toujours aimé l'objet coffret, qui rassemble l'oeuvre et qui marque un jalon. Libre à vous de l'acheter ou pas, il me semble...

Je rappelle qu'il ne passe pas à la télé, très peu à la radio, il n'y a quasiment pas de pub...

On est donc très très loin d'une quelconque logique commerciale...

Je suis d'accord. L'artiste fait ce qu'il veut de son oeuvre. Certains cinéastes ont retiré de la circulation leurs films, des écrivains ont refusé de réimprimer certains de leurs livres, pourquoi Manset ne pourrait-il pas retirer certaines chansons qui le gênent ? Elles sont de toute façon accessibles, que ce soit en vinyl, ou en téléchargement. Quant à l'intégrité, je trouve injuste de reprocher à quelqu'un d'aussi discret que Manset d'en manquer. Il y a des aficionados qui entretiennent une relation d'amour/haine avec leurs artistes préférés, plaçant parfois la barre de leurs attentes trop haut, avec la déception, et parfois la haine, qui s'en suivent lorsque les attentes sont déçues ou lorsque l'artiste ne fait pas ce qu'on attendait de lui.
Après, c'est vrai que Manset a fait des choix peut-être discutables au cours des 15 dernières années. Mais bon, peut-être en avait-il marre de son isolement, du manque de reconnaissance publique, du relatif échec commercial de ses disques, et qu'aller à la rencontre de musiciens plus jeunes lui a fait du bien. Alors pourquoi pas ?

[Aubert]

On est donc très très loin d'une quelconque logique commerciale...

Je n'ai pas dit ça du tout, j'ai écrit qu'il avait une très forte relation de nature commerçante avec ce qu'il remet en circulation. Et c'est ça qui me gonfle. Tu as le droit de trouver ça super cool, et d'acheter cet automne l'album blanc enfin édité dans son intégralité.

[pollux bis]

Lorsqu'on lui demande si ce sera les remasters utilisés dans Mansetlandia ou bien si ce seront les versions originales d'époque (sans coupes) remasterisées, Yves Bigot répond ainsi :

Les tracklists d'origine remasterisées. Sans coupe ? C'est Manset lui-même qui décide et on ne le refera pas... donc sans doute certaines, si.

Quand on relit ce que dit YB c'est quand-même pas clair.