Geronimo355 a écrit:Après avoir claqué la porte en avril 1997 à la suite d'une polémique au sujet d'un livre de Michel Bounan, j'ai appris par hasard qu'il était revenu plus tard. Voilà par exemple un article sur Barbara datant de 2012:
http://www.lesinrocks.com/musique/criti ... -novembre/.
"Non parce que l’étiquette intellectuelle lui paraissait de quelque manière infamante, comme elle l’est hélas devenue aujourd’hui...": c'est marrant, c'est ce qu'on disait il y a peu.
C'est apparemment sa seule chronique dans ce que sont devenus les Inrocks, une simple pige en somme...
Mais minute au sujet de la polémique d'avril 97 (au sujet d'un livre de Bounan, consacré à LF Céline, qui démonte nettement le style composite de l'auteur antisémite - que Tordjman exècre): non, il n'est pas parti à la suite de cette polémique, mais parce qu'il avait été courtisé par le Nouvel Obs, où il avait toute la liberté d'écrire ce qu'il voulait sur les sujets qu'il choisissait. Son départ était acté avant ses dernières chroniques rageuses (et même un peu hystériques.)
Rappelons également que c'est Tordjman qui, quelques années auparavant, a beaucoup manœuvré au départ de Michka Assayas; il enviait l'espace dont bénéficiait la chronique mensuelle d'Assayas. Tordjman avait fait un scandale car Assayas avait écrit, à l'automne 91 je crois, au sujet de... LF Céline: en exergue une simple citation extraite de son
Journal, mais cela avait suffit à déclencher la fureur de GT. Le mois suivant, Assayas était revenu sur ce qu'il avait écrit, prétendant comprendre que sa chronique ait pu choquer, mais qu'on l'avait certainement mal lu et mal compris , etc... Mais le mal était fait, Assayas avait bien compris que l'ambiance au sein du journal avait changé, qu'il n'était plus spécialement reçu avec bienveillance et qu'au fond il ne se voyait pas batailler pour garder une chronique, qui n'était que mensuelle, et qui plus est dans une publication plutôt confidentielle. La guerre des égos l'a lassé, et sa mise au point fut sa dernière chronique. Il est retourné à Libération écrire sur les bouquins. De temps en temps, il a pigé aux Inrocks, mais n'y a plus jamais remis les pieds.
Mais Tordjman triomphal a pourtant continué à asticoter Assayas déserteur: il prenait un malin plaisir à démolir les artistes qu'Assayas avait défendus avec ferveur (notamment quand il écrivait à Rock & Folk): par exemple U2 ("qui attend encore quelque chose de U2?" demandait Tordjman, perfide, chroniquant
Achtung Baby) ou Elvis Costello, mis plus bas que terre sur deux pleines pages, rien que ça.
Tordjman est certainement un esprit brillant, mais pas forcément une très belle âme.
PS: sa biographie de Leonard Cohen, parue au Castor Astral, est souvent stimulante.