Je pense surtout qu'il y a une "nichification" beaucoup plus poussée.
Il me semble que l'avènement culturel post seconde guerre mondiale (un peu avant aux USA) a donné lieu à des "courants" assez visibles, plus ou moins connus mais avec des "pics populaires".
Or, il me semble que cela a donné lieu eu une forme de tension entre d'un côté le populisme médiatique récupérateur "lave plus blanc" (selon les émissions de variétés télévisuelles les années 60 ce n'est pas les beatles ou les stones c'est : les yés yés"...
), de l'autre l'underground fermé et replié sur lui-même et , au milieu, une forme de culture de l'entre-deux cherchant à rendre l'underground accessible ou à rendre le populaire intello.
seulement là, à force de mercantilisme tout azimut, on se retrouve avec beaucoup plus de niches underground véhiculant toutes une culture se résumant à un marché, à de la consommation et à de l'entre-soi satisfait ; une "culture de l'entre-deux" (pas mal d'émissions de radio, beaucoup de magazine etc) qui se satisfait du recopiage des dossiers de presse et la part belle à la médiocrité populiste (qui elle frappe sans souci sur la figure de l'intello avec tout ce que cela comporte de raccourcis et de conneries).
C'est cette dernière partie qui mène à la fierté de l'inculture mais elle se pose plutôt en "pas de prise de tête", en résistance à l'effort intellectuel, cet effort étant devenu l'ennemi à abattre.
De fait dire "les gens sont incultes" ça n'a finalement pas de sens si l'on perçoit l'inculture comme un manque... Il me semble que la majorité des gens regarde des films, des séries en masse, que les livres se vendent encore bien et que la musique (spotify et autres) ou youtube ne sont pas mort... il y a une énorme quantité non pas de culture mais d'objets culturels en circulation. Et ces objets induisent une addiction (quand est diffusé le prochain épisode, la prochaine saison ?) soit un avis direct à la machine à café, au collègue, au voisin... deux phénomènes compulsifs qui permettent la boulimie constante, la déglutition sans mâcher et qui sont assimilés à la culture.
L'inculture ne me semble pas (plus) un manque de culture (d'accès à la culture, d'accès à la langue, d'accès à la prise de parole etc) mais un trop plein. Et tout ce qui suppose de la réflexion (prendre son temps, réécouter, relire, analyser, comparer (autrement que par mettre des étoiles, des pouces, des notes, des avis de deux lignes)...) est assimilé à de la prise de tête.
Sur Manset, il était fier d'être inculte, de ne pas lire, de ne pas avoir de "lettres" quand il s'agissait d'avoir une posture d'artiste "en marge", d'être le trublion, celui qui peut exhiber sa différence, le côté "vilain petit canard qui n'a pas fait de brillantes études mais qui réussie tout de même".
Nous sommes passés de ça au raz de marée XIXième mon amour (avec du nerval et du balzac dans les entretiens et un titre comme "le langage oublié" aussi et surtout), aujourd'hui il porte haut la fierté de la culture je trouve, tellement haut que ça ressemble à un étendard.