je pense qu'il faut recontextualiser, l'idée de base c'est de dire qu'un film c'est aussi un style, une volonté du réalisateur. Cela date d'avant les cahiers (si je ne m'abuse Michel Ciment en avait touché deux mots il y a quelques années ), mais les cahiers ont repris et gonflée l'idée, pour dire "le réalisateur est l'Auteur" en gros l'artiste avec un grand A.
maintenant, il faut comprendre qu'à l'époque le cinéma au usa est réellement perçu comme un divertissement, à tel point qu'il faudra attendre les années 40 (vers 45 je crois) pour que les états unis se dotent d'une cinémathèque, enfin qu'ils se disent "ha mais c'est un patrimoine à conserver.
dés lors l'idée d'art, de conservation, de culte de l'artiste (pour le dire vite, parce qu'il y aura beaucoup à dire sur les droits d'auteur, la définition de ce qu'est un auteur etc) est plus européenne et fonctionne assez bien en Europe, suffisamment pour porter des projets.
le bon côté c'est que ça permet de reconnaître l'aspect "stylistique" de certains réalisateurs, on pensera à Hitchcock ou Polanski, il me semble aussi que bien avant que les usa viennent prendre la relève (au moment de kagemusha) le cinéma japonais été pas mal reconnu en europe, notamment grâce à cette "vision auteurisante" (ozu, immamura etc)
deux bémols à cela : d'une part , cela revenait à cracher sur l'ensemble du cinéma français d'avant cette politique, ce qui est une grosse connerie (il y avait déjà eu des films magnifiques), donc cette politique s'accompagnait également d'un idéal esthétique. D'autre part, le terme "politique", cette vision esthétique est assez rapidement devenue un façon de produire et de conceptualiser et finalement de vendre le cinéma autour de la figure d'un homme en passant gentiment à la trappe l'aspect subversif que pouvait avoir le matériel de départ et l'aspect "travail d'équipe" du cinéma.
or, dans le même temps cette politique a infusé pas mal aux usa notamment sur spielberg, lucas, scorcese... qui parviendront à donner corps à un cinéma d'auteur à l'intérieur des contraintes des studios (on se souvient de spielberg "obligé" de livrer un blockbuster (jurassic parc) pour voir son film plus intime (la liste de schindler) financé), donc à rendre des oeuvres "personnelles" et à succès, mais sans afficher de volonté politiques propres.
au-delà du second degré et de l'aspect clin d'oeil, je pense que c'est les deux visions du monde qui s'opposent et surtout (connaissant son penchant politique) on peut imaginer que cette "politique" est finalement devenue insipide et rien d'autre qu'un argument creux et vide de sens (au niveau politique c'est-à-dire en terme d'engagement, n'oublions pas qu'il pense le polar comme, notamment, de la littérature politique).
d'où le parallèle avec flodor.
Il faut bien voir que même chez Truffaut les scénarios sont issus de polar (certes mal traduits mais tout de même) de vision sombre, noir, corrosive (gauchiste ^^) de la société... du coup voir cet aspect gommé, aseptisé d'un côté et le culte de l'artiste mis en avant... je pense que ça devait le gonfler.
maintenant c'est loin d'être finaud comme citation et hors contexte j'admets bien volontiers que ça résonne stupidement.
mais c'était pour citer du manchette pour Lionel et aussi parce que je sais que Aubert cultive ce goût musqué pour l'Artiste seul dans son antre
ps : pour les films à budget modeste, nous sommes biens d'accord, mais on retrouve une verticalité que l'on a aussi dans la production des comics (et mêmes des mangas pour reprendre une autre verticalité). On fait des films moins onéreux, moins risqués et si ça marche bien, s'il y a "une patte" on te confie de plus gros projets.
bon malheureusement ce schéma a pas mal tendance à se casser la gueule ces dernières années (mais on peut en voir la trace dans les quelques français ayant réalisé de bons films de série B et qui se sont vus propulsé sur des projets plus ambitieux aux usa (je pense au mec qui a fait du carpenter like avec "nid de guêpes" puis directement un film avec bruce willis).
chez nous ça marche tout de même différemment.