Véronique MORTAIGNE n'avait guère été plus tendre dans Le Monde du 14 novembre 1998...
GÉRARD MANSET est un homme autoritaire. Il impose à ses laudateurs comme à ses détracteurs, tout aussi nombreux, le respect dû à son travail, un travail d'artiste, d'artisan d'art, dont on n'aura jamais le droit de dire qu'il n'est pas digne. Grand critique de la manipulation médiatique, opposant farouche à l'impudeur de la chanson, à ses gesticulations scéniques, ses obscénités de ton, Gérard Manset dévie d'emblée toute critique vers le paradis perdu des intentions pures (les siennes).
A ceux qui voudraient trouver dans cette constante mise hors d'eau les traces d'une paranoïa galopante, d'une aigreur poignante peut-être, les chansons de Gérard Manset opposeront un mur de naïveté quasi rousseauiste. Centaure, la tête dans un futur étoilé - ou un passé mythique, c'est la même chose -, Manset expédie sa voix tremblée, livrée à elle-même, et ses arrangements de guitares volatiles vers des ailleurs fléchés par lui seul, tandis qu'il se fixe au sol grâce à une rythmique carrée ( A quoi sert le passé ?) et au bon sens d'un ordre naturel où les boeufs « beuglent/Les chevaux hennissent d'effroi ». « En ce temps lointain/Qu'on nomme naguère/Qu'on nomme jadis/Où l'homme était sur terre/Parmi les délices/Sans colère... En ce temps-là, l'homme était guerrier/La femme était mère » : le paradis post-Adam et Eve et ante-féministe...
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