Nouvel album de Jean-Louis Murat le 1er octobre

[roland65]

Ce n'est pas un scoop, c'est simplement anoncé sur le site de JLM, dont je recopie cet extrait :

"Le nouvel album "Charles & Léo" sort le 1er octobre prochain, 12 poèmes des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, mis en musique par Léo Ferré, interprétés par JLM.

"Un jour vous en ferez quelque chose" avait dit Léo Ferré à son fils et à sa femme en leur donnant une cassette de démos, enregistrées piano voix. Après ses albums 1957 et 1967, il avait à nouveau composé sur une vingtaine de poèmes des Fleurs du Mal. Nous nous devions de sortir ce disque en 2007 pour le 150ème anniversaire de la parution du recueil. Pour Matthieu Ferré, à l’initiative du projet avec son label La Mémoire et la Mer, JLM était le seul à pouvoir porter ce disque, le considérant comme l’héritier spirituel de son père : deux véritables écritures poétiques, deux artistes hors normes, en dehors des formats que le « music business » tend à imposer, deux personnalités irradiantes.

Charles et Léo marque les retrouvailles de JLM avec Denis Clavaizolle, complice de longue date, avec qui il avait travaillé notamment sur Cheyenne Autumn et Dolorès.
Aux chœurs sur quatre titres plus un duo, la jeune Morgane du groupe Cocoon, révélation du concours CQFD des Inrockuptibles en 2007.
Un DVD live piano voix accompagne l’album, enregistré et filmé le 3 juillet à la Coopérative de Mai, réalisé par Arnaud Le Goff, avec Denis Clavaizolle au piano et Morgane Imbeaud aux choeurs.
Comme sur Taormina, la pochette est signée par les M/M, le tandem de graphistes français les plus connus en dehors de nos frontières."

Eh bien, amis de la poésie, de Léo Ferré et de l'Auvergant grincheux (dans le désordre), rendez-vous en octobre!
RB

[roland65]

Et je ne résiste pas au plaisir de vous donner à lire cette interview récente de Murat, trouvée sur un site belge :

Jean-Louis Murat, fidèle à lui-même

(19/07/2007)

"Je ne suis pas un producteur de flan"

BRUXELLES Jean-Louis Murat avait une chemise estivale et le regard azur. A peine était-il arrivé dans la salle de presse, hier, quelques heures avant sa prestation sur la scène Proximus, que déjà l'ambiance était donnée. Au vu de son sourire narquois, on a très vite compris que l'exercice de l'interview n'est pas celui qu'il préfère le plus dans son métier. Mais il s'y est collé, puisque c'est le jeu, et avec humour.

D'entrée de jeu, on l'interroge sur l'hommage que Florent Marchet, nouveau venu sur la scène française, lui a réservé aux Francofolies de La Rochelle. "Ouais, c'est bizarre mais..." Il soupire, cherche ses mots. "C'est gentil mais bon. Ils prennent des prégrabataires comme moi pour ce genre d'hommage !" On lui parle de Spa, qu'il connaît plutôt bien puisque c'est la troisième fois qu'il s'y produit. "C'est vrai. Je le sais parce qu'on me l'a dit. Le programme est mieux qu'aux Francos ..." Un silence s'installe. L'assemblée le regarde d'un air interrogatif. "Ah oui, de la Rochelle ! , précise-t-il, hilare. Mais je ne suis pas très fan de ce genre de trucs en langue française. A la Rochelle, j'ai entendu quelqu'un qui chantait On ira tous au paradis en rappel, qui est quand même la chanson sarkozienne par excellence." Il en vient alors à parler de son travail, plutôt prolifique puisqu'il a sorti Taormina l'année passée et que le prochain disque, baptisé Charles et Leo , sortira en octobre, non sans nous offrir une anecdote de son cru. "Je me suis fait rentrer dedans à la Rochelle par Voulzy. Il m'a demandé pourquoi je disais toujours des saloperies sur lui. Je lui ai dit : parce que tu n'es qu'un branleur (sic.) Chacun fait un disque quand il veut, moi, depuis le début de l'année, j'en ai déjà enregistré deux."

Sur ce nouvel album à venir, donc, Murat ne se fait qu'interprète, mais pas de n'importe quels textes ni sur n'importe quelles musiques puisque les uns sont signés Baudelaire et les autres Léo Ferré. C'est Matthieu, le fils de ce dernier, qui lui a demandé de travailler sur ce projet. "J'ai hésité longtemps. Je ne m'en sentais pas tellement la carrure , déclare humblement le chanteur avant de reprendre le ton de l'humour pince-sans-rire. C'est un excellent disque, comme d'habitude. Avec le disque, il y aura un DVD... Et aussi un T-shirt... et une invitation à gratter pour gagner un dîner avec Sarko, comme ça beaucoup de gens l'achèteront." On essaie d'en savoir plus sur ce qu'il pense réellement du nouveau président français. "Mais avec Sarko, on ne pense pas. Sarko, on le vit !"

Avare de mots, quand il en prononce, vous l'aurez compris, il ne les mâche pas. "La chanson française n'en a plus pour très longtemps. Ce qui va la remplacer ? La chanson charabia ! Je le vois déjà avec Baudelaire : les gens ne comprennent pas, pour la plupart, un mot sur deux. La situation est grave et désespérée." Murat ne fera pas de tournée avec ce disque. "Vous savez, j'ai un tel ego que lors de la phase finale du disque, je me suis rendu compte que j'avais changé des mots dans les textes de Baudelaire ! Alors, non, je ne ferai pas de tournée avec ce disque."

Une question porte alors sur son atypisme. "Moi, je suis tout à fait normal mais il y a plus de caractère et de personnalité chez les employés de banque que chez les artistes français. C'est le désert question personnalité de ce côté-là." Il enchaîne : "J'ai un très mauvais rapport avec tous mes confrères, qui sont tous des bourgeois. Je l'ai dit d'ailleurs à Voulzy. Mais il m'a dit que ça ne se disait pas ce genre de choses, qu'il y avait une omerta dans ce métier. Pff... De tout ce qui vient de France, il n'y a rien de bon !"

Et d'accuser les journalistes d'aimer le flan, comprenez d'aimer poser des questions dont la réponse n'est pas forcément intéressante, voire complètement bateau. "Moi, je ne suis pas producteur de flan. " Et à un enfant, qui lui demande alors quelle chanson de son répertoire il aime le plus et laquelle il aime le moins, il se marre : "Tu as déjà la fibre du producteur de flan, toi... "

[Arno]

http://www.leliendefait.com/index.php?idPage=actualiteDtl&idActualite=105

[roland65]

OK, merci!
RB

[Aubert]

PARIS, 26 sept 2007 (AFP) - Jean-Louis Murat, dont le nouvel album, "Charles et Léo", sort le 1er octobre, évoque dans un entretien à l'AFP le paysage musical français et épingle vigoureusement la "personnalité fadasse"
qu'a selon lui la plupart des chanteurs hexagonaux.

Q: Que vous inspire le rachat annoncé du label qui distribue vos disques, l'indépendant V2, par la "major" Universal?
R: "On est dans un monde capitaliste, les gros mangent les petits pour devenir encore plus gros. C'est la logique du business, un jour Universal mourra d'obésité et expulsera tous les artistes qu'il a signés. Les artistes ne peuvent pas se saquer entre eux, mais il faudrait faire comme Chaplin et Fairbanks avec United Artists, une sorte de coopérative, pour se regrouper. Ca éviterait d'attendre que les directives viennent de Londres ou New York pour savoir à quelle sauce on va être mangés. Mais il y a beaucoup à dire sur la mentalité des artistes: chez V2, apparemment, je suis le seul à ne pas être enchanté, c'est comme si c'était une promotion d'être chez Universal".

Q: Que pensez-vous du paysage musical français?
R: "Depuis une dizaine d'années, les directeurs artistiques de maisons de disques sont des lopettes qui signent des lopettes. Ils craignent les personnalités fortes, donc, globalement, les artistes français ont une personnalité fadasse. Ca se sent dans leur musique et c'est désespérant. Ce sont des monsieur et madame tout le monde, mais à un niveau! On a l'impression qu'ils ont été recrutés par Flaubert pour +Bouvard et Pécuchet+".

Q: Que leur reprochez-vous?
R: "L'artiste doit être excessif, la pulsion artistique est érotique, dionysiaque. Or, les artistes aujourd'hui, c'est: pas de clopes, pas de joints, pas d'alcool et au dodo à 21h00. Après, ils passent derrière le micro:
voix blanche, jamais d'émotion, rien. Je dis pas qu'il faut être dans l'ivresse ou la défonce, mais l'artiste c'est l'explorateur, celui qui va dans la zone rouge et en ramène des infos, pas celui qui reste comme madame Dugenou. Sans Dionysos ni Eros, on se retrouve avec des piches qui se font des tête-à-tête avec des godemichés, qui ne boivent que du Vittel et qui racontent leurs petites histoires de boyaux".

Q: Quels artistes aimez-vous?
R: "Quand j'en vois des bien, j'essaie de bosser avec eux, comme Camille, Holden ou Cocoon. Je pense aussi qu'on est très injuste avec Benjamin Biolay.
Et c'est ahurissant que JP Nataf, qui sait tout faire, n'ait plus de contrat, alors qu'on voit de ces nullités! Des Bénabar, des Grand Corps Malade, c'est du zéro de chez zéro! J'aime Amy Winehouse, les White Stripes, PJ Harvey, des gens qui ont une vie intérieure. Ce qu'on peut reprocher aux Français, c'est qu'ils ont la vie intérieure d'un teckel, avec l'idéal d'un teckel".

Q: Vous êtes coutumier de ce genre de coups de gueule à la télévision. Ne craignez-vous pas que cela vous enferme dans une caricature?
R: "C'est un piège infernal. Si je fais pas l'émission de Ruquier, je vends pas de disques. Et l'autre, s'il m'invite, c'est pour que je déborde un peu.
J'arrête pas de rencontrer des gens qui me disent +Je vous ai vu à la télé+ et ne savent même pas ce que je chante. Pour eux, je suis juste un personnage télévisuel, le mec qui passe à la télé et qui dit à machin +Toi ta gueule, connard!+. C'est profondément attristant. C'est un truc qui rend con, la télé".

[martin]

Bon, Murat, j'ai pas de problème avec ceux qui aiment...
Mais lui, je peux pas.
Peut-être parce qu'on est du même coin, que je le connais assez pour savoir ce qu'il y a de mégalo dans le bonhomme, de frustration aussi...
Côté musique, j'aime trop la musique pour considérer le bonhomme comme "grosse pointure".
C'est aussi très facile de taper sur tout et de se tenir à l'écart avec une moue dédaigneuse.
Il y en a qui ont du talent et qui n'en font pas tout un plat. Je pense à Gégé, bien sûr... Sauf que lui, il ne commet pas l'erreur fatale (à mon sens) de parler des autres.

"A force de penser aux autres,
On a les dents serrées,
la tête haute..."

Bref, Murat... rien à dire. Sans intérêt.
Désolé pour les fans. Je pouvais pas me retenir plus longtemps.

[Aubert]

Je précise que je ne connais pas Martin.

[wassy]

Je précise que je ne connais pas Martin.

Mais, attention, hein?, tous les ânes ne s'appellent pas Martin!

a+

[martin]

Je précise que je ne connais pas Martin.

et je ne connais pas non plus Aubert.
Etonnant, non ?

[roland65]

C'est pas Manset qui disait que la chanson française c'était l'industrie du pneu? Murat ne dit pas autre chose, avec d'autres mots (huh huh) il est vrai...
RB

[Emmanuel]

Je viens de reçevoir ce disque et je suis vraiment en admiration sur l'interprétation piano/voix, plus que sur le cd "arrangé". La chanteuse est très bien, on dirait un peu Camille (physiquement). Il va en vendre des millions....
Emmanuel

[Aubert]

Baudelaire, Ferré et Murat
Nouvel album de l’Auvergnat

Paris

09/10/2007 -
Ça pourrait ressembler au programme d’une déprimante veille de bac de Français. Jean-Louis Murat chante et arrange douze poèmes des Fleurs du Mal de Baudelaire mis en musique par Léo Ferré sur une vieille cassette audio. Pourtant, ce projet Charles et Léo balaie toutes les réticences. Grâce à sa relecture inspirée, l’Auvergnat offre un très bel album de chansons nullement pédantes. Avec le plaisir de vraiment découvrir un poète aussi licencieux qu’élégant.

RFI Musique : Est-ce que vous vous souvenez de votre première rencontre avec Baudelaire ?
Jean-Louis Murat : C’était à l’école, je pense. Avec le Lagarde & Michard [livre scolaire, ndlr] comme tout le monde à mon époque. Le nom même, Charles Baudelaire, m’a toujours plu, il est déjà très poétique. Mais c’était à mon avis, une approche très mauvaise. Comme pour beaucoup d’œuvres classiques, il faudrait quasiment être adulte pour les lire.
Et Ferré ?
Je me souviens du premier concert. Je me souviens surtout des anarchistes qui l’avaient coincé en lui disant que c’était une honte d’avoir un chauffeur. Moi qui n’ai aucune passion pour les crétins de l’ultragauche et notamment les anarchistes, je trouvais ça complètement ridicule. Surtout Ferré, devant s'expliquer sur le fait qu’il était bien obligé d’avoir un pote qui conduise sa voiture. Mais pour eux, il n’était pas un pur anarchiste. Ils ont perturbé tout son concert. Je m’en souviens comme d’un sommet de connerie. Surtout que, maintenant, ils doivent être fonctionnaires dans une préfecture…

Et la découverte de l’artiste ?
Au début des années 70, à part Ferré et Manset, il n’y avait pas grand chose. Dès le début de ma carrière, j’ai chanté Ferré. Je ne peux pas dire que ce soit un père ou une référence mais je l’ai toujours eu dans l’oreille.

Comment vous êtes vous retrouvé associé au projet ?
C’est la famille qui m’a contacté. Ils m’ont filé une cassette piano-voix que Ferré avait faite chez lui. Pendant trois ou quatre ans, ils ont insisté. Ils pensaient que j’étais l’homme de la situation. C’était flatteur mais je ne me sentais pas à la hauteur, je n’étais pas sûr d’y arriver. Je me disais qu’ils allaient finir par trouver quelqu’un d’autre. Et puis en 2007, c’est le 150e anniversaire de sa naissance, alors j’ai dû le faire très vite, au printemps.

Aviez-vous des contraintes ?
J’ai été dans le respect scrupuleux de ce qu’avait fait Ferré. Ça ne marche que comme ça : respect de la langue et de la musique. Mais après, une fois qu’il y avait la mélodie, le texte et que c’était mis en bouche en piano-voix, je faisais ce que je voulais dessus. Je me suis éclaté. Ce sont malgré tout des chansons. Ses enfants m’ont dit que c’était fantastique, je ne sais pas trop ce que ça veut dire mais ils sont super contents.

Sur ce projet, il y a le retour d’un vieux complice, le pianiste Denis Clavaizolle …
Oui, parce qu’il était disponible et que c’est mon voisin ! On est toujours très amis et on s’est bien amusé à travailler ensemble. Là, c’était l’occasion rêvée. On a retrouvé nos vieux réflexes comme si on s’était quitté la veille.

En ce moment, on parle d’une explosion de la scène rock de Clermont-Ferrand, revendiquez-vous une certaine paternité ?
Il n'y a que l’Etat civil qui fait ça ! Tout ceux que je connais qui font de la musique à Clermont pourraient être mes enfants. D’ailleurs, je connais leurs parents ! (Rires.) C’est difficile de ne pas se sentir en état de paternité. Mais nul n’est prophète en son pays. Avec Denis, on a quand même été des animateurs du milieu musical de la ville.

Un DVD accompagne le disque, l’enregistrement des chansons en piano voix sur la scène de la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand. Un concert sans public…
Ça a été éprouvant. On n’avait pas le droit à l’erreur. Ça a été fait dans l’après midi : quatorze chansons, chantées trois fois. Je voulais un petit club. Au départ, je ne voulais même pas de micro. Je l’ai chanté sans sono, sans rien, à l’ancienne. On avait une balance naturelle avec Denis. Le DVD, que je n’ai toujours pas vu, est cru et brut, sans aucune retouche. Nous, les artistes des années 80 et 90, on est toujours pris pour des nazes. Moi, on peut me mettre dans un cabaret et s’il faut chanter sans sono, piano-voix, j’y vais. Je l’ai fait pour ça !

Y a t'il a une tournée de prévue ?
On ne fera rien, je pense. J’aurai beaucoup aimé faire des petit clubs ou des interventions dans les écoles. Mais tu dis "poésie" à un tourneur, il remonte dans sa Mercedes et il part à fond ! Je vois le service public par exemple, on devait faire des émissions avec plusieurs télés. Tout le monde s’est débiné. ça leur fait peur ! Alors que j’ai essayé de faire un truc non rébarbatif, accessible à tout le monde et que même les enfants puissent chanter.

Vous êtes sous contrat avec la maison de disques V2, qui vient d’être rachetée par Universal, que va-t-il se passer pour vous ?
Moi, on s’en fout. Ce sont les 17 de la boîte qui vont être virés. Ce sont des amis, on bossait bien, la boîte est rentable et elle est quand même rachetée. Tu vires des gens qui sont dans une boîte qui est rentable grâce à leur travail. Ça fait beaucoup de personnes compétentes qui sont au chômage, il y a quelque chose qui cloche.
Jean-Louis Murat Charles et Léo (V2) 2007
A noter que les éditions Gallimard rééditent Les Fleurs du Mal de Baudelaire dans une version accompagnée du CD

http://www.rfimusique.com/musiquefr/art ... _17011.asp

[roland65]

Merci Aubert!
RB

[Nicolas]

D'accord avec toi Martin !!

[roland65]

Ben je trouve les textes du dernier Murat un peu faibles : c'est qui ce Baudelaire? Il a fait des tubes? Non, vraiment le niveau baisse...
RB