Aubert a écrit:Bon... Alors sors moi un texte de qui tu veux que tu considères bien qu'on voie au moins ce qui n'est pas niais pour toi...
RB
Ah oui, comparons donc nos préférences.
Dans un 1er temps, je te mets ici deux textes de Brigitte Fontaine,
La Cour et
L'Ile, tous deux datant de 1997:
La Cour
Tous les après-midis
Je les passais
Dans la cour assoupie
Près des murets
Les jours de grand ciel bleu
Après la peur
Du sadisme orageux
De l'extérieur
La chaleur pleine et mûre
Une matronne
Tronait entre les murs
Déesse lionne
J’accueillais dans mes flancs
L 'or et l'argent
De la Perse et des grands
Rois Ottomans
J'étais une vestale
Du feu paien
Dans cette cour banale
Précieux écrin
La Mésopotamie
Désert en fleurs
N’eut jamais une aussi
Haute splendeur
L’ombre énorme et brûlante
Tournant toujours
Etait une pesante
Dame d’amour
La cour aux pierres beiges
Chambre dorée
Formait un petit siège
de royauté
Près du feuillage aux lentes
Volutes soeurs
Cette Chapelle ardente
Hante nos coeurs
L'Ile
je t’adore mon île
tout juste au centre-ville
tes jours dorés d'hiver
aux lumières de mer
tes douces maisons claire
château de courants d'air
petit nid de colombes
dont quelques duvets tombent
sur la lourde cuirasse
du fleuve qui t'embrasse
je t'adore mon île
tout juste au centre-ville
palais de givre fin
communiante au matin
tes lueurs qui pétillent
qui font danser les filles
réveillent dans le coeur
des parfums de bonheur
sur les quais paresseux
candides et gracieux
je t’adore mon île
tout juste au centre-ville
et ta belle gardienne
Notre-Dame la reine
ma chère souveraine
au delà de la Seine
dans ton micro-climat
l'esprit prend ses ébats
balayé de coups d'ailes
mouettes ou hirondelles
je t'adore mon île
tout juste au centre-ville
ton sourire si pur
épinglé sur les murs
et ton espace intime
radieux jusqu'au crime
me soulève de terre
et je flotte légère
dans ce champagne frais
où fondent les regrets
je t'adore mon île
tout juste au centre-ville