Bertrand Betsch

Musiques, Cultures, Etc.

Bertrand Betsch

Messagepar Emmanuel » 19 Juin 2007, 08:32

Un bel article dans Libération d'hier sur Bertrand Betsch. Je vous recommande "La chaleur humaine", son denier disque, le plus beau selon moi (mais je ne connais pas le premier).

En dix ans, Bertrand Betsch n'a pas triomphé. Un petit livre de lui revient sur cette carrière française, quelques mois après son dernier album.
Bertrand Betsch, éloge de l'ombre
Par Françoise-Marie SANTUCCI

La tristesse durera toujours éditions la Machine à cailloux, 8 €.

Il ne vend rien, ou presque ; il n'est pas dans l'actualité et ses concerts n'affichent pas complet ; il ne passera jamais à la Star Ac et ne fait d'aucune manière partie de la société du spectacle permanent à laquelle collabore la majorité de la scène musicale française. On pourrait ajouter qu'il est blond et commence à se faire vieux (36 ans), que son côté pince-sans-rire passe souvent pour de l'amertume, et que, malgré quatre albums et du talent, il n'a guère bénéficié de l'engouement que suscitent, par le biais du concept de «jeune chanson française», les Bénabar, Delerm ou Raphaël ­ sans parler de la cohorte des filles chantantes.
Pourtant, il les vaut tous. Parce qu'il est une somme d'oxymorons à lui tout seul. Loser flamboyant ; crâneur écorché ; romantique acide. Parce que son désir d'aller vers des compositions de plus en plus limpides se pique toujours d'humour noir. Il fait des chansons qu'on a envie d'écouter après avoir couru sous une pluie d'été, amoureux mais le coeur serré. Comme il le chante dans les Mots ont leur importance : «Je suis peut-être un raté, mais ce ratage est réussi.»
Clapotis. Bertrand Betsch est apparu voilà dix ans avec un album que certains continuent de chérir comme un trésor méconnu : la Soupe à la grimace (3 000 exemplaires vendus). «Des fans me font comprendre que je ne ferai jamais mieux», dit-il aujourd'hui. C'était chez Lithium, le label qui révéla Dominique A, où se succédèrent des artistes qualifiés de «dépressifs» puisqu'ils ne célébraient pas, c'est vrai, la joie de se lever tôt pour travailler plus à gagner moins.
Aux yeux de certains le plus doué de la bande, Betsch sortit ensuite deux albums, B.B. Sides (1 000 exemplaires, 2001) et Pas de bras, pas de chocolat (2004), ce dernier trouvant refuge chez Labels puisque, entre-temps, Lithium avait plongé. Pas de bras... fut la mini-heure de gloire de Bertrand. Nomination au prix Constantin, 6 000 unités vendues, un frémissement. Puis l'oubli. Le chaos du monde du disque est tel que Labels, à la suite de Lithium, a également disparu, et avec lui les anciens albums de Betsch, désormais introuvables. Il aimerait bien les ressortir, même à son compte, mais son «back catalogue» est tombé entre les mains d'EMI ­ et malgré ses tentatives de le récupérer, ce n'est pas gagné. Devenu franc-tireur par nécessité, il enrichit sans cesse son site Internet et son adresse MySpace, livrant chaque mois un inédit et une reprise (1).
Son dernier essai, la Chaleur humaine, est paru en début d'année chez Pias, et bien que plus solaire que les précédents, le disque n'a pas fait de vague ­ les ventes seront connues dans quelques mois mais Betsch sait déjà qu'elles sont plus proches du clapot que du raz-de-marée. Lors d'un concert parisien le mois passé, il alternait autodérision et lancer de fleurs, agitant ses chansons dans un shaker de reggae, d'électro-folk et de pointes de mélodica. A seulement quatre sur scène (dont son vieux complice Hervé Le Dorlot à la guitare et sa compagne Nathalie Guilmot aux choeurs), ils créèrent des moments de grâce. Mais personne ne le sait. «Je suis à une période charnière de ma vie, dit-il. Je ne comprends pas ce destin qui m'a été donné de "beautiful loser" . A force d'être marginalisé, la colère grandit. Pourtant, je veux écrire des classiques. Pas faire de la chanson "populaire" car je n'aime pas le "peuple"; mais parler au plus grand nombre, oui.»
Ogre. Est-ce pourquoi il lache peu à peu ses méandres d'antan et le goût des morceaux de bravoure (la Complainte du psycho-killer ou Tout vu), pour une écriture épurée ? «Les textes m'arrivent de plus en plus comme rongés jusqu'à l'os. Rien à gratter.» Bertrand Betsch écrit beaucoup, des romans aussi (un éditeur est sur le point de répondre), et avale pareillement, comme un ogre. Arnaud Cathrine, Régis Jauffret, Kafka, les nouvelles de Maupassant. Ou Bukowski «quand j'étais alcoolique». Il ne l'est plus, et va sûrement quitter Montreuil pour la Belgique ­ sa compagne est belge, ce n'est certes pas une histoire d'évasion fiscale.
Depuis l'âge de 25 ans, onze ans donc, B.B. est au RMI, n'ayant bénéficié qu'une seule fois du statut d'intermittent, survivant grâce aux droits d'auteur et aux avances. Mais c'est «de plus en plus difficile». Se remet-il en question ? «Pas le moins du monde. Si, en tant que personne, je n'ai pas une grande idée de moi ­ pas très intéressant, sympathique, ni recommandable ­ j'ai, paradoxalement, une très haute estime de mon travail.»
Il décrit bien ce mystérieux processus de création (et d'autres choses peu consensuelles) dans un petit livre sorti dernièrement, intitulé la Tristesse durera toujours . On y lit : «Pourquoi faire des chansons ? Pour la même raison que Carax dit faire des films : parce que l'autre, le plus souvent, est injoignable.» Ou encore, à propos de la gaieté : «Les chansons sont forcément tristes. A part Trenet mais Trenet c'est pornographique. Quand il chante Y a de la joie ça sonne faux, c'est obscène, on n'y croit pas une seconde.» Ainsi Bertrand Betsch n'est pas forcément un type sympathique. On s'en fiche. Lui aussi : depuis son admiration de gamin pour le Manset de Je n'ai rien à raconter , réputé plus grand reclus de la scène française, il fait le distingo entre talent et joliesse sociale ­ quand nombre de ses pairs à succès du terroir se plaisent à n'entretenir que la seconde.
Procréation. Aujourd'hui amoureux, B.B. se remet d'une longue fascination pour la procréation, dont il finit de faire le tour avec Ce ventre-là (sur le dernier album). Conclusion: phobie des enfants, détestation de «cette pression communautaire, cette norme qui fait qu'on doit se reproduire». De même, il se tient loin des postures fréquentes des hommes, ni «garçon fragile» ni «vrai mec». «Chanter, du moins pour un garçon, explique-t-il, c'est être suspendu entre les deux sexes. Il y a dix ans, je me suis coltiné des réflexions du genre "C'est qui la donzelle qui chante". Ça m'a plutôt amusé. Je déteste l'idée d'être un mâle. Pour moi, tout bon chanteur est androgyne.»
Voilà trois ans, à la sortie de Pas de bras(...), il disait qu'une de ses chansons (Des gens attendent) évoquait ce que nous faisons de nos vies : «Est-ce qu'elles valent le coup, qu'est-ce qui nous anime, qui nous tient, qui nous fait peur, qui nous fait mal, qui nous lâche ?» C'est toujours valable. Ses morceaux continuent d'aller là-bas, explorer l'étrange continent intérieur. Betsch embarque en sifflotant, et le voyage est exotique.
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Messagepar roland65 » 19 Juin 2007, 08:51

Merci! Je vais m'y intéresser, c'est promis...
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Messagepar Aubert » 19 Juin 2007, 08:52

Si tu trouves ses disques... :?
Merci pour l'info.
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Messagepar roland65 » 19 Juin 2007, 08:53

Dans les médiathèques peut-être?
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Messagepar Aubert » 19 Juin 2007, 09:46

Une question qui n'a visiblement rien à voir: Roland, t'arrive-t'il encore d'acheter des disques?

(sinon, il ya certains de ses albums en vente sur ebay à des prix très raisonnables)
Merci pour l'info.
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Messagepar roland65 » 19 Juin 2007, 10:17

Mais bien sûr j'achète des disques : la plupart des nouveautés des artistes que j'aime (vu mon sectarisme, ça fait tout au plus deux trois disques par an, il est vrai), plus ceux dont je m'entiche (ex: Steely Dan). Mais quand je ne connais pas du tout, je préfère passer par la médiathèque afin de découvrir... Et je grave aussi des tas de trucs qui faisaient partie de ma cassettothèque... Enfin je télécharge aussi quelques disques introuvables aiileurs... Voilà, j'ai fait ma confession publique... Je te dois qcombien?
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Messagepar Emmanuel » 19 Juin 2007, 10:57

Les deux derniers sont toujours en vente. Sinon sur www.myspace.com/bertrandbetsch tu peux écouter "les vents contraires" et "la chaleur humaine", deux titres du dernier disque. Il y a également un inédit "les figurants". Bonne écoute.
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Messagepar Monfreid... » 19 Juin 2007, 11:48

Emmanuel a écrit:"les vents contraires"


me suis dis au début :
super il vient de découvrir le bontempi...

à la fin je chantonner comme un con (un mec qui chante faux, chantonne toujours comme un con :lol: )...

bref, je vais creuser 8)

merci donc :wink:
je les ai tous empaillés, jusqu'à la dernière peluche !
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Messagepar Aubert » 19 Juin 2007, 20:40

roland65 a écrit:Voilà, j'ai fait ma confession publique... Je te dois qcombien?


C'était une simple question sans sousentendu, tu m'as l'air bien énervé. :?:
Merci pour l'info.
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Messagepar roland65 » 20 Juin 2007, 08:54

Mais non je déconne...
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Messagepar F75 » 20 Juin 2007, 16:33

Je viens d'acheter un disque dur de 500 GO, dont il est précisé sur la boite qu'il peut contenir 125 000 chansons… Si je me réfère au prix d'1 euro (sur I-tunes par exemple) ça voudrait dire qu'on pense que je peux acheter pour 125 000 euros de musique… Même chose pour les Ipod et consort, qui peuvent contenir 10 000 morceaux et qui se vendent par wagons…

Qui peut croire qu'on va remplir tout ça avec des titres achetés… et donc pourquoi ensuite s'indigner…?
Nous qui avons racheté un sévère nombre de fois des titres de GM qu'on avait déjà, je pense qu'on a un peu le droit de rétorquer, lorsque c'est possible.

Même idée sur les connexions Adsl, dont on voit mal a quoi elles peuvent vraiment servir, hors usage pro, si ce n'est a télécharger ?

Donc moi, je n'achète plus de disques, je revends même les miens, après les avoir copié… je me demande d'ailleurs si j'ai le droit ou si je devrai garder les originaux…


(escalier)
1h plus tard… n'avais pas vu le sujet un peu avant qui dit plus ou moins la même chose
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Messagepar Acéphale » 20 Juin 2007, 18:29

F75 a écrit:Même idée sur les connexions Adsl, dont on voit mal a quoi elles peuvent vraiment servir, hors usage pro, si ce n'est a télécharger ?


Je me vois mal revenir à une connexion « classique » par RTC, téléchargement illégal ou pas. Je pense que 99,42 % des internautes sont du même avis.

Sinon, je n'ai que 5 albums (achetés) du père Gégé, tant pis pour lui, ce sont ceux qui n'existent pas en CD les meilleurs.
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Messagepar Claire » 20 Juin 2007, 22:03

Je viens d'écouter plusieurs chansons.
J'aime beaucoup, en particulier "La chaleur humaine" qui a quelque chose d'assez bouleversant, dans sa simplicité.
merci pour la découverte.
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Messagepar F75 » 21 Juin 2007, 11:12

Un des avantages des titres sur ordi, lus au hasard, c'est de tomber sur des titres voire des albums qu'on oubliait d'écouter pour cause de pochette pas engageante ou d'oubli de pourquoi on avait ça… (en ce moment Smog, jamais vraiment écouté, pochette laide d'un caht sur un fond de ciel d'orage, mal réalisée).

Ca laisse la place au hasard et aux enchainements inédits… ça surprend mieux.

On peut aussi zapper les titres qu'on ne supporte pas, sans avoir a réitérer la manoeuvre à chaque fois.

Je me souviens de mon agacement avec les vinyls, quand il fallait se lever pour zapper le titre casse ambiance.
Et les CD ont toujours été des objets assez cheap et pauvres, à mon avis.

Pour BB, j'ai les 2 albums… La soupe et Pas de bras… si quelqu'un sait ou je peut les déposer pour partage… ?

Vu en concert il y a 2 ou 3 ans, c'était plus inventif niveau son, avec un guitariste inventif et coloré.
Anecdote : approché (le guitariste), en vue d'un contact avec GM (qui à l'époque cherchait à renouveler son stock de comparses), la rencontre eu lieu, mais sans suite, trop ci, trop là, bref ne changeons rien, same player shoot again… A l'occasion BB confia une certaine admiration certaine pour GM.


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Messagepar Emmanuel » 21 Juin 2007, 12:01

"pas de bras " est toujours édité (il est à 6,59 chez Amazon), je parlais de BBsides, les reprises. Donc si tu veux partager, il est préférable d'éviter celui-là. Tu peux utiliser megaupload, rapidshare... si tu veux nous faire découvrir la soupe...
merci
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