par Maxime » 26 Avr 2024, 18:53
Alors, bande de tristes sires ? On a raté sa vie ? Encore en train de faire ripailles "Au bon cochon" ? On reste le pied dans son étable, on ne va pas se dorer la pilule à Naples ? Et on dit merci ? Vous reprendrez bien un peu de sève ponctionnée à un artiste mort pour n'avoir pas compris que la vie était ailleurs ?
À propos de cet album, moi, je dis oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui (le compte est bon ?), bien que le mixeur du studio ait vraisemblablement été remplacé par un robot Magimix. Bon, je vous rassure, le robot a échoué au test de Turing, l'humanité est sauvée. Je crains en revanche que l'abs de cet album abscons ait été mixé avec les restes de l'artiste ayant perdu son duel.
On peut quand même souligner un scrupuleux souci d'intertextualité. Ainsi "Rater sa vie" se fait-il l'écho pessimiste chiant à l'ode à la vitalité chantée par Bernard Tapie : "Réussir sa vie". Le dialogue de "Monsieur" ne serait-il pas quant à lui la simple réécriture ésotérique de "Dis-moi, Bioman" ? Miossec avait le sens de la formule : "La mélancolie, c'est communiste, Tout le monde y a droit de temps en temps". Gérard l'a aussi, mais il est plus austère, plus direct et il renoue avec une langue simple et authentique, défaite de ses fioritures : "Après la pluie, le beau temps". "- Comment tu t'appelles ? - Philippe."
Comme d'habitude, avec Gégé, quand il s'inscrit dans la tradition des chanteurs populaires, tel un Patrick Sébastien avec son "Kukella" , on n'est pas en reste de calembours à se taper les mains sur les cuisses. Après Simone qui s'ignorait, après on nous mentessori, voici venir Lison, tout un jour nous lisions. C'est du surréalisme, c'est de la poésie à la portée de tous. Vous pouvez vous aussi vous y frotter : Francis avec sa francisque, Jean-Pierre ne nous jette pas la pierre, Nicolas tout un jour nous buvions du cola, Jérémie, tout un jour tes jérémiades... Bref, c'est à l'avenant, faites-vous plaisir.
Autre technique, empruntée (pillée ?) à la poésie delermienne, le name dropping. Alors, bien entendu, Gégé n'enfile pas des noms de marques et de sportifs aux cerveaux creux : Tic-tac, Pelé, Benetton, Björn Borg...Non, il cite sur un ton hautain et fat De Vinci et Le Gréco. Faites-vous plaisir, faites de même : Schopenhauer, Kierkegaard, Érasme, Pic de la Mirandole, tout peut y passer.
Faites-vous de la place dans la pièce d'objets à collectionner issus du multivers mansetien : vous pourrez ainsi poser entre votre petit Donald en mousse, votre pack de bières, la photo de Kouchner, une petite valise en cuivre et un tamis, des nappes d'organdi et un carré de serpolets.
Vous craigniez les marées vertes ? Gare aux gaz toxiques des algues bleues.
EDIT : J'essuierai vos contradictions comme le bonheur essuie une mouche sur la vitre.
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Maxime le 26 Avr 2024, 19:04, modifié 1 fois.