Profession : rock critic

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Profession : rock critic

Messagepar Aubert » 24 Mai 2020, 14:14

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Extrait de l'interview de Benoît Sabatier, parue dans le bouquin Profession : rock critic , d'Albert Potiron, aux éditions Gonzaï Média .

https://gonzai.com/produit/profession-r ... -volume-1/

Evidemment, le sujet du livre est assez fermé et si vous ne vous intéressez pas à l'activité des critiques, ça va vite vous barber. Pas mal d'anecdotes assez rigolotes et intéressantes. On y retrouve Laurence Romance, qui n'écrit plus grand chose. Ce qui me permet d'évoquer le livre qu'elle a traduit l'année dernière: Charles Manson par lui-même, et qui est très bien.
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Re: Profession : rock critic

Messagepar villon » 24 Mai 2020, 17:49

Ce qui me plaît c’est la candeur de ce journaliste avec ses disques sous le bras pour la dédicace, il a dû vite déchanter... quand à De Gaulle chez Manset c’est un symbole, mais la nostalgie est la matière première du poète, on en a parlé ici déjà, de l’enfance qui le maintient en vie à jamais. Cependant tous les baby-boomers lui ont craché dessus avec soin (de Gaulle) pas seulement la gauche, toute une jeunesse, depuis les manifs et son bannissement irlandais volontaire, c’est un autre sujet !
Et meure ou Pâris ou Hélène Quiconque meurt, Meurt à douleur
Celui qui perd vent et haleine Son fiel se crève sur son coeur
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Re: Profession : rock critic

Messagepar Aubert » 24 Mai 2020, 18:31

Sabatier est de la dernière génération à avoir parlé de Manset avec enthousiasme dans la presse traditionnelle - lui c'était dans Technikart, et c'était à la fin des années 90. Mine de rien, ces articles élogieux aidaient à la transmission d'une discographie. Depuis, ça se passe plutôt sur le net, où Manset est largement ignoré des mélomanes les plus jeunes.
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Re: Profession : rock critic

Messagepar roland65 » 31 Mai 2020, 10:30

Merci Aubert...

Je n'ai jamais compris comment on peut être un critique (donc a priori impartial) et copiner avec les gens qu'on critique...
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Re: Profession : rock critic

Messagepar Arthur Gordon Pym » 31 Mai 2020, 19:36

roland65 a écrit:Merci Aubert...

Je n'ai jamais compris comment on peut être un critique (donc a priori impartial) et copiner avec les gens qu'on critique...


Certes mais on ne critique pas les gens, on critique leurs œuvres et, comme on ne peut pas copiner avec des œuvres (objets inanimés...), on copine avec les gens, ce qui n'empêche pas de pouvoir critiquer leurs œuvres, à condition de rester dans la peau du critique et non pas dans celle de l'ami ; l'exercice peut être difficile. La question est de savoir si , malgré une critique négative de l'œuvre d'un "ami", ce dernier restera "ami", d'où la tendance à rester bienveillant à l'égard des gens que l'on apprécie et avec lesquels on souhaite continuer à entretenir des relations cordiales (faux cul, en somme).
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Re: Profession : rock critic

Messagepar Aubert » 31 Mai 2020, 23:06

Un critique n'est jamais impartial, il arrive avec ses préférences, ses critères esthétiques, ses a priori etc... L' impartialité n'est ni possible ni souhaitable.
La proximité avec l' artiste est préférable s' il veut comprendre et transmettre aux lecteurs certains aspects pas forcément transparents. Bayon a été un temps assez proche de Manset, ça a donné de beaux papiers.

Il y a également le parcours inverse : l'artiste qui fait copain-copain avec tous les journalistes qui comptent. Et à chaque nouvel album, bingo : il a toutes les unes qu'il veut, suivez mon regard.
Merci pour l'info.
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Re: Profession : rock critic

Messagepar roland65 » 01 Juin 2020, 07:51

Aubert a écrit:Un critique n'est jamais impartial


Je voulais dire que lorsqu'un critique est proche d'un artiste, est-il capable de dire que l'album (ou le livre, etc.) de celui-ci est mauvais ? Personnellement, je ne pense pas...
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Re: Profession : rock critic

Messagepar Aubert » 01 Juin 2020, 10:35

Oui j' avais bien compris. Si tu avais des exemples, ce serait plus simple.

Tu peux aussi faire du journalisme sans aborder la dernière production, c'est un procédé courant.
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Re: Profession : rock critic

Messagepar Arthur Gordon Pym » 01 Juin 2020, 15:31

Déclaration d'Alain Dister à l'occasion de la sortie de son livre "Rock Critic" en septembre 2007 :
«Ne dites pas à ma mère que j'ai fait le rock critic, elle me croyait hippie routard quelque part en Californie. Quitte à vraiment gagner sa vie, autant le faire en s'amusant. Il y a quarante ans, le rock était un territoire encore vierge, ou presque. Chance ou hasard, je me trouvais un jour de juin 1966 dans un pavillon de la rue Chaptal, au moment où se créait Rock & Folk. L'aventure pouvait commencer. Rock critic n'était pas un métier sérieux, ce qui le rendait d'autant plus attrayant. Sans compter les nombreux avantages en nature : entrer dans tous les concerts, dîner avec les stars, voyager aux quatre coins du monde.»
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Re: Profession : rock critic

Messagepar Aubert » 03 Juin 2020, 12:38

Bon eh bien on n'aura pas d'exemples...
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Re: Profession : rock critic

Messagepar Arthur Gordon Pym » 03 Juin 2020, 17:49

Aubert a écrit:Bon eh bien on n'aura pas d'exemples...


Pas d'exemple de copinage éhonté certes, mais voici une lecture hautement intéressante sur les différentes facettes du rock et de ce qu'il a pu apporter dans différents domaines artistiques : "LE ROCK, UN ART AU MILIEU
DES AUTRES ARTS"

C'est à peine hors sujet car toute critique musicale, rock de surcroît, tourne autour d'un des aspects artistiques décrit dans le texte cité.
En outre, un bon chroniqueur reste imprévisible et ouvert d'esprit ! Le lecteur ne doit pas soupçonner
le journaliste de détester Murat depuis son enfance ou d’être le fan inconditionnel de Manset ! Et puis, une opinion personnelle n’est pas un argument ! Il est préférable que seule la conclusion se rapproche d’un avis personnel ! Un exemple peut servir d’illustration à un argument mais jamais un exemple seul n’a de poids.
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Re: Profession : rock critic

Messagepar roland65 » 04 Juin 2020, 07:51

Aubert a écrit:Bon eh bien on n'aura pas d'exemples...


Un exemple : Sidonie Mortadelle du Monde est copine avec le chanteur Jean-Luc Salami et dit trop de bien du dernier album de celui-ci, alors qu'il est bien naze...

Et ce n'est qu'un exemple parmi plein d'autres que j'ai dans ma besace...
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Re: Profession : rock critic

Messagepar Arthur Gordon Pym » 04 Juin 2020, 13:06

La position de benoît Sabatier sur le sujet :
"GONZAI : La proximité du critique rock avec certains artistes pose quand même la question de la liberté du critique. Tu n’as jamais eu de problèmes à dire du mal d’un album ?

BENOIT SABATIER : Non. Je ne me suis jamais posé de questions existentielles là-dessus. Mes amitiés avec les gens du milieu se sont faites en fonction de la musique et de la personnalité des musiciens. Déontologiquement, j’ai jamais eu de problèmes. Si un artiste avec qui je suis devenu ami sort un album que j’aime pas, il y a deux solutions. Soit je n’écris pas sur l’album en question, soit je fais la fine bouche. De toute façon, je n’écrirais jamais un article dithyrambique sur quelque chose qui me plaît pas. Jamais. Personne ne m’a jamais forcé à quoi que ce soit. Au contraire, j’adorais dézinguer tous les chanteurs que je trouvais surestimés, on avait une rubrique pour eux à Technikart, “Poubelloscope”, chaque mois j’avais un énorme paquet de prétendants pour cette rubrique… Aujourd’hui, ça m’amuse beaucoup moins : je préfère utiliser des feuillets pour écrire sur ce que j’aime."

L'interview intégrale dans Gonzaï, par Albert Potiron, à défaut de lire son livre.
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Re: Profession : rock critic

Messagepar Arthur Gordon Pym » 05 Juin 2020, 12:40

roland65 a écrit:
Aubert a écrit:Bon eh bien on n'aura pas d'exemples...


Un exemple : Sidonie Mortadelle du Monde est copine avec le chanteur Jean-Luc Salami et dit trop de bien du dernier album de celui-ci, alors qu'il est bien naze...

Et ce n'est qu'un exemple parmi plein d'autres que j'ai dans ma besace...


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En général, avec Jean-Luc Salami, on se demande toujours si c'est de l'art ou du cochon, il n'y a qu'à voir la jaquette de son dernier DVD.
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Re: Profession : rock critic

Messagepar Arthur Gordon Pym » 05 Juin 2020, 13:48

Le copinage entre le critique et l'artiste n'est pas le seul facteur qui influe sur l'impartialité du jugement émis dans un article à paraître dans une revue spécialisée. C'est contre ce manque d'impartialité que Lester Bangs, critique rock nord américain des années 1970 ( 14 décembre 1948 – 30 avril 1982), a lutté en permanence, sans vraiment pouvoir y changer quoi que ce soit.

En effet, on a facilement tendance à faire de la critique un métadiscours se rapportant à une production ou à un événement et ayant pour but de la/le juger à partir de critères prédéterminés. L’œuvre de Lester Bangs, offre une autre perspective. En s’opposant dans ses critiques à l’institutionnalisation du rock, que celle-ci passe par des chroniques policées de disques ou par l’industrialisation massive des productions rock, Bangs exemplifie une compréhension de l’exercice critique comme œuvre devant produire les mêmes effets que les objets sur lesquels elle s’applique. Pratiquée par Lester Bangs, la critique rock n’est pas un métadiscours qui, institutionnalisé comme discipline, gommerait les aspérités du phénomène rock, mais un discours ayant son fonctionnement propre et constituant ainsi une part de ce phénomène.
En réaction à cette institutionnalisation, il a pu utiliser comme style de rédaction l'insulte et l'invective envers des "stars" reconnues comme telles :
Sur Lou Reed :
"Ego ? Ce n’est peut être pas le plus grand mot du xxe siècle, mais c’est à coup sûr le poison qui court dans les veines de chaque pop star. […] Lou Reed est un pervers complètement dépravé, un pathétique nain mortifère et tout ce que vous voudrez penser qu’il est. Par dessus tout cela, c’est un menteur, un talent gâché, un artiste toujours entre deux marées, un mercanti qui vend sa propre chair […]."
Sur Paul McCartney :
"Citez-moi une superstar des sixties qui ne soit pas devenue un zombie. […] Paul McCartney fait de charmants fonds sonores pour boutiques branchées, bien résolu à se montrer aussi insignifiant que les Carpenters, ce qui en soi pourrait être aussi bien une réaction aux excès opposés de John [Lennon] qu’un simple cas de vacuité absolue."

On retrouve dans nombre d’articles de Bangs ces violentes invectives faites à des artistes mythifiés par la critique universitaire. L’effet est double. Tout d’abord, cela permet de lutter contre la starification des musiciens rock qui, d’Elvis Presley à Rod Stewart en passant par John Lennon et Lou Reed, tendent à devenir des « héros culturels », selon l’expression de Bangs. Starification qui rejoint l’institutionnalisation, puisque ces modes de vie héroïsés sont objectivés dans un mouvement qui réduit l’alternatif à un idéal inaccessible. Insulter les musiciens, c’est montrer par la caricature qu’il n’y a pas plus de déférence à avoir pour eux que pour n’importe quelle autre personne. Ensuite, ce décalage, d’une part par rapport à la critique universitaire, d’autre part par rapport à la mythification des stars du rock, produit chez le lecteur non un simple effet didactique – effet produit par la critique universitaire – ou un simple effet de fascination pour les artistes dépeints – effet produit par la critique people – mais un effet à la fois esthétique et éthique.

Bangs stigmatise en outre l’industrialisation de la critique rock. Entendons le fait qu’elle devient, au début des années soixante-dix, un organe de publicité des maisons de disques qui, de fait, les financent. Il en résulte selon lui un appauvrissement du contenu des critiques, qui deviennent peu à peu très policées. On songe aux chroniques de magazines culturels comme Télérama ou Les Inrockuptibles, dont les critiques, entendues et prévisibles, ornent les pochettes de disques ou les affiches de cinéma. Par exemple : « Le film de l’année » (Télérama). C’est dans cette optique que l’on peut comprendre le départ de Bangs du magazine Rolling Stone pour intégrer le comité de rédaction de Creem.
Rolling Stone fut fondé en 1967 à San Francisco. Il constitue le premier véhicule important de la critique rock en appliquant à la « contre-culture » naissante une analyse pointilleuse. Cependant, ce magazine devient peu à peu, au début des années soixante, un organe de publicité dévoué aux maisons de disques qui le financent. Las des concessions faites par Rolling Stone à l’industrie du disque et à l’objectivation universitaire du rock, Bangs accepte, en 1970, la proposition de Dave Marsh, alors président de Creem, de devenir rédacteur en chef adjoint du magazine.
Creem était basé à Détroit, où se développait une scène rock conséquente associée à un violent mouvement de contre-culture. John Sinclair, leader de l’underground de Détroit, avait ainsi réuni, au début de l’année 1967, divers artistes contestataires en vue de fonder un mouvement dévoué à la révolution culturelle.

Condensé d'un article de Anthony MANICKI pour la revue des sciences humaines.

Une compilation d'articles de Lester Bangs a été publiée dans (Psychotic Reactions and Carburetor Dung), traduit en français en 1996 sous le titre Psychotic reactions & autres carburateurs flingués.
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