roland65 a écrit:Arthur Gordon Pym a écrit:Tu y crois, toi, à ses jugements définitifs ? Je pense plutôt que rien de ce qu'il dit, à certains moments, n'est gravé dans le marbre. Il est capable de dire une chose à un moment donné, et son contraire à un autre moment.
En effet cela arrive, mais pas si souvent que ça en fait. Il répète surtout depuis un certain nombre d'années pas mal d'idées (certains diraient de "clichés réacs") qui reviennent sans cesse : c'était mieux avant, le tiers monde est plus "vrai", la communication / les médias pourrissent tout, les femmes devraient rester à leur place, etc.
C'est vrai que dans ses derniers propos, il parle des mensonges de l'occident (il entend par là ce que l'on appelle "les pays industrialisés"). Il est allé en orient (il a quand même fait l'effort d'apprendre les langues locales), mais il était tout de même là en tant que "visiteur", même s'il est allé jusque chez l'habitant. Il a même vu le Dalaï-Lama, mais ici, à Paris. Lorsqu'il compare les civilisations, il trouve chez les orientaux des qualités qu'il ne retrouve pas, ou plus, ici, en occident. Je pense plutôt qu'il reste bloqué sur un idéal qui lui est propre et qui est maintenant complètement dépassé. Il ne s'est surtout pas adapté à la révolution numérique et à la propagation des idées, bonnes et mauvaises, qui se fait de nos jours à la vitesse de la lumière (grâce à la fibre optique). Il n'a pas franchi le cap du 21ème siècle, il s'est enfermé dans son Mansetlandia, qu'il nous permet de visiter de temps en temps à l'occasion de la sortie d'un livre, d'une collection de photos ou d'un disque et duquel il sort occasionnellement pour prendre une bouffée de particules fines, protégé de la lumière extérieure par ses lunettes noires. Mais en entrant dans le Mansetlandia, on remarque immédiatement que toutes les portes ne sont pas ouvertes, laissant à notre imagination le soin de deviner ce que nous pourrions trouver en les poussant l'une après l'autre. Dans le Mansetlandia, c'est le maître des lieux qui garde la main sur tout ce qui s'y trouve. C'est un peu comme, lorsque l'on était invité à entrer dans l'atelier du crabe, l'on entrait dans le monde du maître des lieux. Á quelques années de distance, il faut admettre qu'on se sentait plus à l'aise dans l'atelier du crabe plutôt que dans le Mansetlandia. A contrario, lorsqu'il sort de son Mansetlandia, Manset perd ses repères, se trouve comme un papillon de nuit qui s'égarerait en pleine lumière, il se perd et cherche, pour se rassurer, à apercevoir quelque chose qui lui parle et, ces choses qui lui parlent lui rappellent systématiquement le passé. Avec Taddeï, il revisite des lieux qu'il a fréquentés il y a 60, 50 ou 40 ans et l'on entend qu'il en est particulièrement ému.
Il n'est plus fait pour sortir de chez lui, ni pour s'exprimer sur quoi que ce soit, il faut qu'il se tienne coi. Qu'il se contente de nous faire de la bonne musique et on ne lui en demandera pas davantage.
En ce qui me concerne, il peut dire ce qu'il veut, ça m'indiffère. Ses propos débridés me font rire parfois et me permettent juste de faire un peu d'humour et je persiste et signe lorsque je dis qu'il fait du tricotage plutôt que de la philosophie. Enfin j'avoue qu'en triant dans tout ce qu'il dit, j'arrive à trouver des choses sensées.