akdonf1 a écrit:Si une bonne âme voudrait nous faire parvenir le texte, je le trouve pas sur le net, merci
J'ai envisagé de scanner le livret mais c'est écrit petit, et blanc sur noir, ça ne rend pas grand chose. Alors j'ai pris mon courage à deux mains et je te l'ai retranscrit, tel quel, respectant tout les retours à la ligne, remplacés par des slash (/), et j'ai respecté la casse. Voilà, bonne lecture.
Ça prend de la place, excuse-moi Roland.
Comme un arbre ses fruits.
Les bâtisseurs de pont / Comme une poule pond / Un artiste se donne / Comme un
arbre ses fruits / Et peut-être s'enfuit / Les bâtisseurs de pont / Dans du
papier crépon / Dans les gorges sans fond / Tandis que la verdure
Comme un arbre son fruit / Et peut-être s'enfuit / Lorsqu'il apprend un jour /
Alors que tendre était la nuit / Que le monde a changé
Dans l'ombre et dans la suie / Il se demande l'a-t-on aimé / Lorsqu'il a dit
la floraison / Plus évidemment belle / Que la destruction des maisons / Et que
la solitude, reine / Alors le bâtisseur répond / Cette peine a un nom : / Tout
décline, tout s'enfonce / La politique du pire / Mais y en a qui respirent /
Quand tous les jours on leur assène / un empêchement nouveau / Qu'on rétrécit,
les pièces / Qu'on multiplie les trous, les pièges / Le mensonge est partout,
mon frère, ma soeur / Dans cette affirmation / qu'au lieu de la douceur / il
faut que tout soit fendu, tout craque / Pourquoi pas les matraques, les lois,
/ mais pas celles que l'on croit / Pas celles, du lumbago de la démago, /
Parce que / Parce que les sociétés secrètes / et le poison qu'elles secrètent
/ Non, une antériorité / Rien d'autre, pas le reste / Pas de toutes ces sortes
de vestes pour porte manteaux/ Dans la cacophonie de l'Epiphanie perdue /
credo irrattrapable / de cette modernité sous les cartables, / par la
complexité dans l'harmonie du respectable / Allez, on dresse la table
Le poisson à trois yeux dans nos rivières malades / Mais certains sont heureux
/ Parfaits produits de l'époque toute délétère / Où va se poser le joker, dire
stop, / qu'on se désaltère / et qu'on leur mette un coup d'haltère, / à ces
penseurs de l'adultère, / ces philosophes de la philosophie perdue / Arturo
Hui, César, tous nos grands généraux, / Venez nous prêter main forte pour
éclipser / oui, c'est ça, faites-les taire / Faites-les renoncer à gouverner
la terre / Les bâtissuers de pont / Comme une poule pond / Un artiste se donne
/ Comme un arbre son fruit / Les bâtisseurs de pont comme le mouton qu'on tond
/ Ne cesse de fleurir, pourtant, dans cette coupe que l'on tend / Il va
cracher sa vie, le saviez-vous / Maudit, / pour des siècles entiers et taraudé
des nuits entières / tandis que d'autres se sont servis, / le bâtisseur de
pont, comme un arbre ses fruits / ne s'est pas posé la question
Je pleure, / sur notre lys, la fleur / qui depuis Charlemagne a su fleurir et
qui a peur, / qui tremble sur sa tige / que la publicité et le dénigrement,
peut-être, / que la publicité fustige, / Et qu'ils fussent fleurs, ces lys, et
qu'elles fussent tiges / Je me reprends, je me répands dans la prière / Où sont
nos fiacres, Balzac, / La belle évaporée, Ronsard, / Tout ça est avalé, fini,
jeté aux lions, / Mais la faute à personne / Ne m'en veux pas, / on t'a sommé
de te taire / Tous délétés, tous délétères / Tandis que le printemps, l'été,
Tandis que le printemps, l'été, / Dans l'onctuosité du rêve et la ponctualité
/ Reviennent / Mon frère que médusa Voltaire , retourne-t-en / Frère de
Lampedusa, aux cheveux rouges, aux mains, au bras / Que le reste paupérisa, /
Et dans ce peuple nu / Lampedusa mon frère / Terre éclatée, abandonnée, perdue
/ Qui t'a vendue ?
Ne t'en va pas, on sonne / Mon amie, ma soeur, songe à la douceur / Quand la
démographie tient lieu de géographie / Où tout serait rose, un monde où tout
serait rose / Tourné vers la métempsychose, où on mangerait des fruits / Qui
seraient pas saturés, pas saturés de glucose / Un chemin dans le paradis, / Un
monde où Jean se marrerait et Simone Signoret / Un monde où Jean se marrait et
Simone Signoret
Mais vous ne l'aimez pas, vous le rejetez, / Ce bâtisseur de pont, ce
bâtisseur d'été / Puis les mains dans le dos peut-être interpellé, / C'est
lorsqu'il établit un pont, architecte des ligatures, Que son soucis, n'est
pas d'être conforme, / d'être secouru par la forme / Le bâtisseur de pont /
Comme la poule pond / Comme le mouton que l'on tond / Ne cesse de fleurir,
pourtant / Dans cette coupe qu'on tend / Il va cracher sa vie le saviez-vous,
/ Dans cette coupe qu'on tend / Il va cracher sa vie le saviez-vous, il y
survit / On le voit demeurer, dans ses pensées, perdu, / maudit pour des
siècles entiers / Et taraudé des nuits entières / tandis que d'autres se sont
servi
Le bâtisseur de pont / Comme un arbre ses fruits, ne s'est pas posé / la
question / Où le recevrait-on / Son âme, s'enfuit / Son âme alors s'enfuit.
Gérard Manset