roland65 a écrit:akdonf1 a écrit:Les pauvres jeune aime bomba, et ne connaisse pas cette musique de vieux cons heureux
Je suppose que tu veux dire Booba et dans ce cas ça tombe bien, car il y a un bel article dans les Inrocks ici où l'on apprend que Booba est "le dernier grand poète français" (sic)...
Bon, de deux choses l'une : ou bien les Inrocks font du second (troisième ?) degré ou bien Booba est au capital de ce canard... En dehors de ça je ne vois pas !
Au hasard, pêché sur le Net, quelques vers de notre grand poète :
"Si y'a des biatches partout, c'est que j'suis dans la boîte/Si ça fait mal, que tu cries, que tu jouis, c'est que j'suis dans ta chatte" (Jour de paye)
"J’aimes les 'tasses mais j’veux pas dire à mes gosses que/Elles aiment les grosses voitures et les grosses queues" (Si tu kiffes pas)
"J'vais bien t'baiser et t'auras pas à lâcher une thune
T'es témoin d'un marriage entre une Kalash' et une plume
T'en as deux dans la bouche et l'autre dans le croissant de lune" (Trône)
C'est beau comme du Rimbaud, effectivement... Bravo les Inrock !
Les aventures de Booba-Verlaine et Kaaris-Rimbaud.
"Les rappeurs Booba et Kaaris ont été arrêtés après une bagarre à l'aéroport.
Les deux rappeurs français ont pris part à une violente rixe dans une salle d'embarquement de l'aéroport de Paris-Orly, mercredi 1er août. Ils ont été placés en garde à vue.
Entre les deux, la vase a fini par déborder (ça doit être la dernière expression à la mode), de manière consternante.
Les deux rappeurs Booba et Kaaris, opposés depuis plusieurs années sur fond d'insultes et d'invectives, en sont venus aux mains dans l'aéroport d'Orly, sous les yeux des passagers en attente. Ils ont ensuite été placés en garde à vue. La bagarre a provoqué des retards de vols et la fermeture temporaire d'un hall.
Des vidéos-amateur publiées sur les réseaux sociaux montrent les deux individus et leurs clans respectifs s'affronter violemment dans les allées d'une salle d'embarquement d'Orly-Ouest.
Après avoir collaboré sur des projets musicaux, les deux rappeurs s'étaient brouillés avant d'entrer dans une guerre des mots menées par vidéos interposées. Booba se prévalait notamment d'avoir "lancé" Kaaris dans le milieu du rap, avant une séparation tumultueuse, qui, jusqu'à présent, n'avait pas mené à des violences physiques. Selon Le Parisien, au moins 11 personnes ont été interpellées par la police aux frontières."
Ceci dit, ce n'est pas la première fois que 2 "grands poètes" en décousent.
Le précédent Verlaine-Rimbaud.
Cela aurait pu être une banale querelle de pochards. La qualité des protagonistes en a fait l'un des chapitres les plus fumants de notre histoire littéraire. À part les coups de feu que la féministe folle Valerie Solanas tira en 1968 sur Andy Warhol, on ne connaît pas de plus fameuse pistolétade artistique que l'épisode Verlaine-Rimbaud de 1873 à Bruxelles.
Rappel historique.
Tout commence à Londres en mai 1873. Pour leur second séjour en terre anglaise,
un Verlaine de 29 ans et un Rimbaud de 18 ans
promènent leurs amours tumultueuses au milieu de pâleurs victoriennes, vivant de quelques leçons de français, de quelques subsides lâchés par madame Verlaine mère. Mallarmé écrira que le couple connaissait là "une orgiaque misère, humant la libre fumée de charbon, ivre de réciprocité". Las, Verlaine veut tenter de renouer avec son épouse Mathilde ; pour ce faire, il plaque soudainement Londres et Rimbaud. Le voici à Bruxelles. Une scène de crime ? Il faut être un peu rapporteur de faits divers, rubrique du genre "fleuve noir" ou Simenon, pour la raconter.
Entre le 4 et le 10 juillet 1873, Verlaine va vivre une semaine folle. Ivre d'alcool et de désespoir, il fait savoir à Mathilde, restée à Paris, qu'il se supprimera si elle ne le rejoint pas. Mais il se rend aussi à la légation d'Espagne pour s'informer sur les conditions d'enrôlement dans les troupes carlistes. De Londres arrive une lettre de Rimbaud qui menace de s'engager dans l'armée ou la marine si leur liaison prend fin. Le suicide, la vie sous les drapeaux, la cause carliste, le chantage sentimental, curieux brouet pour ces clochards célestes. Mais voici que Rimbaud déboule à Bruxelles dans la nuit du 8 juillet. À sa grande surprise, alors qu'il emménage dans la chambre que Verlaine occupe dans un hôtel de la rue des Brasseurs, il découvre qu'Elisa Verlaine, mère du poète, occupe la chambre adjacente : elle est venue en hâte au chevet de son fils suicidaire. Drôle de trio pour un flingage imminent.
Le mercredi 9 juillet se passe en querelles avinées. Verlaine songe à retourner à Londres, Rimbaud s'y refuse, il ne rêve que de Paris. Le soir, Verlaine se saoule, "outre mesure", selon Rimbaud. Le lendemain matin, l'entêté dipsomane acquiert chez l'armurier Montigny un revolver à six coups de calibre 7 millimètres ainsi qu'une boîte de 50 cartouches. De nouveau, entre les deux hommes, palabres et alcools. Vers 2 heures de l'après-midi, retour dans la chambre d'hôtel. Là, les amants maudits se font face à 3 mètres, Rimbaud debout contre le mur, Verlaine assis sur une chaise calée contre la porte. Selon Rimbaud, Verlaine aurait alors lâché : "Tiens ! Je t'apprendrai à vouloir partir !" avant de tirer deux coups de feu. Une balle frappe Rimbaud au-dessus de l'articulation du poignet gauche, une autre touche le mur et ricoche sur la cheminée.
Aussitôt, les choses semblent s'apaiser. Verlaine pleurniche, sa mère panse le poignet de Rimbaud, puis ils accompagnent le blessé à l'hôpital Saint-Jean, d'où le jeune poète ressort avec un simple bandage. Rimbaud décide alors de prendre immédiatement le train pour Paris. Sur le chemin de la gare du Midi, comme Verlaine se fait de nouveau menaçant, Rimbaud se met à courir et avise un agent de police auquel il dénonce son agresseur. Verlaine est appréhendé, les trois Français conduits au commissariat. Après les dépositions, Verlaine est mis à la disposition du procureur, qui l'envoie à la prison des Petits-Carmes. Le juge t'Serstevens diligente alors un examen corporel sur Verlaine "aux fins de constater s'il porte des traces d'habitudes pédérastiques". Les experts répondent par l'affirmative, en relevant toutefois qu'il n'y a pas lieu de "suspecter des habitudes invétérées et anciennes mais des pratiques plus ou moins récentes".
On connaît la suite. Verlaine est condamné le 8 août pour "blessures graves" à deux ans de prison et 200 francs d'amende, tandis que Rimbaud se recroqueville quelques jours chez une logeuse bruxelloise, Mme Pincemaille.
En prison, Verlaine composera les trente-deux poèmes de Cellulairement, qu'il dispersera dans les recueils Sagesse, Jadis et naguère, Parallèlement ou Invectives. Rentré chez sa mère, Rimbaud s'isole dans le grenier de la maison de Roche pour achever le texte du Livre nègre, commencé en avril de cette même année, où il a consigné sur son Carnet de damné les tribulations de l'Époux infernal et de la Vierge folle. Titre définitif : Une saison en enfer. Lorsque Rimbaud se rend en octobre à Bruxelles pour réceptionner le tirage original de la Saison, il loge dans le même hôtel où il avait été révolvérisé trois mois plus tôt. Sans rancune, un exemplaire dédicacé sera adressé à Verlaine. Ce dernier le recevra dans une cellule de la prison de Mons...
Comment se terminera l'altercation entre les 2 rappeurs ? L'histoire le dira.