par shakya » 29 Mar 2016, 18:52
Bonjour à toutes et à tous, Bonjour Roland,
Si je peux me permettre Roland , en ce qui concerne "Comme un arbre ses fruits", tu devrais prendre le temps de relire posément et de le réécouter tranquillement.
Ce texte est d'un très haut niveau, tout bonnement excellent.
Ce morceau est excellent.
Le moins que l'on puisse dire est que Manset n'y va pas avec le dos de la cuillère.
Comme il le dit justement, l'Artiste ne cherche pas à "être conforme".
Il est à noter que des parties du texte, - deux phrases en particulier - écrites dans le livret, n'ont finalement pas été chantées, mais restes écrites, et d'autres ont été rajoutées à l'enregistrement par rapport au texte figurant dans le livret :
Comme un arbre ses fruits
Les bâtisseurs de pont
Comme une poule pond
Un artiste se donne
Comme un arbre ses fruits
Et peut-être s’enfuit
Les bâtisseurs de pont
Dans du papier crépon
Dans les gorges sans fond
Tandis que la verdure
Comme un arbre son fruit
Et peut-être s’enfuit
Lorsqu’il apprend un jour
Alors que tendre était la nuit
Que le monde a changé
Dans l’ombre et dans la suie
Il se demande l’a-t-on aimé
Lorsqu’il a dit la floraison
Plus évidemment belle
Que la destruction des maisons
Et que la solitude, reine
Alors que le bâtisseur répond
Cette peine a un nom :
Tout décline, tout s’enfonce
La politique du pire
Mais y en a qui respirent
Quand tous les jours on leur assène
un empêchement nouveau
Qu’on rétrécit, les pièces
Qu’on multiplie les trous, les pièges
Le mensonge est partout, mon frère,ma soeur
Dans cette affirmation
qu’au lieu de la douceur
il faut que tout soit fendu, tout craque
Pourquoi pas les matraques, les lois,
mais pas celles que l’on croit
Pas celles, du lumbago de la démago,
Parce que
Parce que les sociétés secrètes
et le poison qu’elles secrètent
Non, une antériorité
Rien d’autre, pas le reste
Pas de toutes ces sortes de vestes pour porte manteaux
Dans la cacophonie de l’Epiphanie perdue
credo irrattrapable
de cette modernité sous les cartables,
par la complexité dans l’harmonie du respectable
Allez, on dresse la table
Le poisson a trois yeux dans nos rivières malades
Mais certains sont heureux
Parfaits produits de l’époque toute délétère
Où va se poser le joker, dire stop,
qu’on se désaltère
et qu’on leur mette un coup d’haltère,
à ces penseurs de l’adultère,
ces philosophes de la philosophie perdue
Arturo Hui, César, tous nos grands généraux,
Venez nous prêter main forte pour éclipser
Oui, c’est ça, faites-les taire
Faites-les renoncer à gouverner la terre
Les bâtisseurs de pont
Comme une poule pond
Un artiste se donne
Comme un arbre son fruit
Les bâtisseurs de pont comme le mouton qu’on tond
Ne cesse de fleurir, pourtant dans cette coupe que l’on tend
Il va cracher sa vie, le saviez-vous,
Maudit,
pour des siècles entiers et taraudé des nuits entières
tandis que d’autres se sont servis,
le bâtisseur de pont, comme un arbre ses fruits
ne s’est pas posé la question
Je pleure,
sur notre lys, la fleur
qui depuis Charlemagne a su fleurir et qui a peur,
qui tremble sur sa tige
que la publicité et le dénigrement, peut-être,
que la publicité fustige,
Et qu’ils fussent fleurs, ces lys, et qu’elles fussent tiges
Je me reprends, je me répands dans la prière
Où sont nos fiacres, Balzac,
La belle évaporée, Ronsard,
Tout ça est avalé, fini, jeté aux lions,
Mais la faute à personne
Ne m’en veux pas,
on t’a sommé de te taire
Tous délétés, tous délétères
Tandis que le printemps, l’été
Tandis que le printemps, l’été
Dans l’onctuosité du rêve et la ponctualité
Reviennent
Mon frère que médusa Voltaire, retourne-t-en
Frère de Lampedusa, aux cheveux rouges, aux mains, aux bras,
Que le reste paupérisa,
Et dans ce peuple nu
Lampedusa mon frère
Terre éclatée, abandonnée, perdue
Qui t’a vendue ?
Ne t’en va pas, on sonne
Mon amie ma soeur songe à la douceur
Quand la démographie tient lieu de géographie
Où tout serait rose, un monde où tout serait rose
Tourné vers la métempsychose, où on mangerait des fruits
Qui seraient pas saturés, pas saturés de glucose
Un chemin dans le paradis,
Un monde où Jean se marrerait et Simone Signoret
Un monde où Jean se marrait et Simone Signoret
Mais vous ne l’aimez pas, vous le rejetez,
Ce bâtisseur de pont, ce bâtisseur d’été
Puis les mains dans le dos peut-être interpellé,
C’est lorsqu’il établit un pont, architecte des ligatures,
Que son souci, n’est pas d’être conforme,
d’être secouru par la forme
Le bâtisseur de pont
Comme la poule pond
Comme le mouton que l’on tond
Ne cesse de fleurir, pourtant
Dans cette coupe que l’on tend
Il va cracher sa vie, le saviez-vous,
Dans cette coupe que l’on tend
Il va cracher sa vie, le saviez-vous, il y survit
On le voit demeurer, dans ses pensées, perdu,
maudit pour des siècles entiers
Et taraudé des nuits entières
tandis que d’autres se sont servis
Le bâtisseur de pont
Comme un arbre ses fruits, ne s’est pas posé
la question
Où le recevrait-on
Son âme, s’enfuit
Son âme alors, s’enfuit
Gérard Manset, Opération Aphrodite, 2016.
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shakya le 29 Mar 2016, 19:30, modifié 2 fois.
"Et moi je n'irai pas plus loin
Je tiens ma tête entre mes mains
Guignol connaît pas de sot métier
Je ris à m'en faire crever"