Bruce Springsteen – Springsteen on Broadway (14 décembre 2018)
En cette fin d'année, nous restons dans les performances acoustiques, après Neil Young, voici Bruce Springsteen. SPRINGSTEEN ON BROADWAY c'est la performance acoustique solo écrite et interprétée par Bruce Springsteen. Basée sur son autobiographie best-seller dans le monde entier 'Born to Run', publiée en 2016, SPRINGSTEEN ON BROADWAY est une soirée unique avec Bruce, sa guitare, un piano, et ses histoires très personnelles. la seule invitée aux côtés de Bruce est ...Patti Scialfa, évidemment. L'album, c'est la totalité de la performance Live, disponible sous la forme de 2 CD, ou sur vinyle en 4 LP.
Très peu de fans ont ou ont eu la chance de pouvoir assister au spectacle de Bruce Springsteen à Broadway, au Walter Kerr Theatre. Après la découverte cet enregistrement, je n'ai pas pu résister à vous le présenter. C'est une très belle surprise. D'abord, le son (essentiel) est simplement exceptionnel, on a vraiment l'impression d'être dans la salle, quel bonheur, c'est exactement ce qu'on recherche en écoutant un live! Bruce interprète en solo acoustique plusieurs de ses tubes, au piano ou à la guitare : mention spéciale à une version hyper minimaliste de Born in the USA où le texte reprend toute son importance. Et entre ses morceaux, il nous raconte des moments de sa vie, en lisant des extraits de sa fabuleuse autobiographie. Il le fait avec beaucoup d'humour, sans langue de bois. Il est même accompagné par sa femme Patti pour de beaux moments d'émotion et de complicité. Il dresse le portrait sans compromis d'un artiste majeur, véritable bête de scène, même s'il privilégie ici l'intimité et l'écoute avec le public (qui peut quand même se déchaîner sur Tenth Avenue Freeze-out, acclamant au passage Clarence Clemons et le E Street Band!). Le spectacle s'achève sur Born to run, un résumé de sa vie en quelque sorte. Il faut en profiter avec la sortie officielle de cet enregistrement qui se trouvait déjà depuis quelques mois en vente sous le manteau...
Chronique d'Isabelle Choquet et Marie Sasin d'RTL2 :
"Il y a deux sortes de personnes : ceux qui aiment Springsteen, et ceux qui ne l'ont jamais vu en concert. Le "Boss" est un dieu du stade. D'abord il y a cette voix, puissance, rugueuse, sans artifice et qui vous prend aux tripes. "J'ai la puissance, la tessiture et la résistance d'un barman. Mais ni belles couleurs, ni finesses", nuance Bruce Springsteen.
En plus de son charisme de dingue, son énergie est quasi intacte. À bientôt 70 ans, il s'épuise toujours dans des shows de trois ou quatre heures, presque sans pause. Avec un record de 4h04 il y a deux ans, in Philadelphia of course. Entre octobre 2017 et décembre 2018, il a donné un concert intimiste intitulé Springsteen on Broadway, jalonné de réflexions et d'anecdotes, cinq fois par semaine à New York.
"C'est une arme de destruction massive", dit un journaliste. Jamais deux fois le même concert, il joue au gré de ses envies et de celles du public dont il invite certains sur scène. Plus qu'un spectacle, c'est une communion.
Il a la poésie ouvrière, celle de ses racines.
Ses chansons racontent l’Amérique des prolos : existences ordinaires, sentiments universels, Springsteen a la poésie ouvrière, celle de ses racines. Chez lui, on votait démocrate, parce que "quand on est ouvrier on est démocrate", c'est ce que lui disait sa mère et il a gardé cet engagement, humanitaire et politique.
Alors bien sûr, aujourd'hui, il est millionnaire. Mais, il n'a pas oublié ses années de galère, à fouiller les poubelles pour trouver de quoi manger. Son premier restaurant, c'était après son premier contrat, il avait 27 ans. "Je n'ai jamais prétendu avoir une grande conscience sociale, dit-il. Mais le sentiment d'une vie gâchée et d'un monde injuste, je l'ai ressenti... à travers mon père."
Un père qui ne l'a pas aimé.
"Une bête humaine à cou de taureau, un personnage à la Bukowski qui a passé sa vie sur le cul d'un tabouret de bar", voilà comment Bruce Springsteen décrit son père dans son autobiographie.
Le petit Bruce était plutôt comme sa mère : généreux, attentif aux autres. Des défauts, tout ça, surtout pour un garçon ! Voilà ce que pense son père, qui ne dit rien mais le menace toujours. Il méprise son fils, il faudra une vie entière à Bruce pour surmonter ça. Les succès et les stades combles n'y suffiront pas. Tel père tel fils, Springsteen est rattrapé par une dépression qui ne l'a jamais vraiment quitté, la folie n'étant jamais loin.
Springsteen prend des médicaments sans drogue ni alcool, et en tire une certaine fierté. Une fierté d'ouvrier qui fait bien son travail, même quand ça fait mal."
Chronique du concert du 16 octobre 2017, par Vincent Eyraud, parue dans Télérama :
"Depuis le 3 octobre et pour quatre mois, le Boss présente son one-man-show à New York. Beaucoup de souvenirs et d’anecdotes, drôles ou émouvants, et une poignée de chansons. Un spectacle intime, loin du gigantisme enfiévré de ses concerts habituels.
Bruce Springsteen vient de plaquer sur sa guitare acoustique les derniers accords de Born to run. Il est un peu plus de 22 heures ce vendredi 13, et le Walter Kerr Theatre explose enfin. Cette petite salle new-yorkaise, située à deux pas de Times Square, accueille le Boss en solo, cinq soirs par semaine, depuis début octobre et jusqu'à février prochain. Quatre-vingts dates au total, toutes sold out depuis longtemps. Un marathon en toute intimité, entre concert et one-man-show, intitulé Springsteen on Broadway.
Comme un seul homme, les 950 spectateurs se lèvent et applaudissent à en faire trembler les murs dorés. En une seconde, le théâtre feutré aux étroites rangées de sièges rouges paraît se métamorphoser en l’un de ces stades gigantesques dans lesquels Springsteen a l’habitude de se produire. Comme une évidence, il vient de clôturer ces deux heures de show par sa chanson la plus emblématique, celle qui donna son nom à son troisième album, qui le fit passer, en 1975, du statut de songwriter doué et prometteur à celui de star mondiale.
Un besoin viscéral d’écrire des chansons.
Born to run, trois mots qui claquent comme une profession de foi, et qui sont aussi le titre de ses Mémoires, parus en 2016, et dont ce spectacle est le prolongement. Alternant monologues et chansons, le Boss se raconte. Tout est chapitré, très écrit, pas forcément chronologique. Aucune phrase, aucun mot ne semblent improvisés, pas de place ici pour cette spontanéité qui d’habitude est l’une de ses marques de fabrique. Bruce qui raconte Springsteen – et inversement – est émouvant, souvent drôle, cabotin parfois. Emouvant quand il évoque sa famille ou son ami Clarence Clemons, saxophoniste historique du E Street Band, disparu en 2011. Drôle, notamment quand il se moque de lui-même : né pour courir, lui ? Il habite pourtant dans le New Jersey, à quelques kilomètres de l’endroit où il est né. Il déroule son enfance à Freehold, entre son père, taciturne et renfermé, dont il héritera des penchants dépressifs, et sa mère, généreuse et solaire, qui lui acheta sa première guitare. Il raconte le choc de sa découverte du rock’n’roll, devant le déhanché d’Elvis un soir à la télé, et son besoin irrésistible, viscéral, d’écrire des chansons. Des chansons, il en jouera une quinzaine, debout à la guitare, parfois soulignées à l’harmonica, ou assis derrière un piano à queue noir. Une traversée en solitaire, seulement interrompue sur deux titres par la présence à ses côtés de sa femme, Patti Scialfa, unique membre présent du E Street Band.
Dans le public, personne n’est venu par hasard.
Mur de briques sombres en fond, quelques flight cases posées sur le devant de la scène, le décor est épuré. Les jeux de lumière le sont aussi et habillent Springsteen au moins autant que son tee-shirt sombre et ses boots noires. Chaque monologue précède, introduit, complète une chanson : My father’s house pour son père, qu’il allait, enfant, chercher dans les bars pour le ramener à la maison ; The Promised Land, qui raconte cette passion dévorante de toujours tracer la route. Ou Born in the USA, revisitée en version guitare slide, récit de cette guerre du Vietnam qu’il n’a pas voulu faire et source d’une énorme confusion : celle d’une chanson anti-militariste qui, si on ne l’écoute que d’une oreille, sonne comme un tonitruant hymne patriotique.
Pas de risque de malentendu au Walter Kerr Theatre où, du balcon au parterre, tout le monde écoute de ses deux oreilles. Personne n’est là par hasard, tous sont des fans endurcis qui se sont battus pour avoir leur place lors de la mise en vente, alors que les prix allaient de 75 à 800 dollars. Des hommes et des femmes, majoritairement blancs, plus cinquantenaires qu'adolescents, et qui ponctuent chaque morceau d’applaudissements nourris. Mais quasi personne ne s'aventure, comme dans un concert habituel de leur idole, à accompagner Springsteen de la voix. Le feutré de l’endroit, l'intimisme du spectacle créé une légère frustration, celle de ne pas se sentir libre de s'enflammer, de chanter, notamment sur certains passages rituellement repris en chœur, comme sur la fin du premier couplet de Thunder Road.
Introspection universelle.
Encadrés d’anecdotes, les titres en acoustique perdent parfois de leur énergie, mais jamais de leur force. Ils gagnent en revanche en finesse, donnant à entendre un récit qui dépasse les quarante-cinq années de carrière de Springsteen. Ses chansons racontent les dernières décennies d’une certaine Amérique, celle qui bosse dur, prend du bon temps, perd son job, garde espoir, aime, divorce, se perd, se retrouve. Springsteen on Broadway apparaît comme une introspection universelle dans laquelle Bruce raconte son histoire qui, au final, est autant la sienne que la nôtre. Que l’on soit né aux USA ou pas, né pour courir ou non."
Liste des titres :
01 Growin' Up
02 My Hometown
03 My Father's House
04 The Wish
05 Thunder Road
06 The Promised Land
07 Born In The U.S.A.
08 Tenth Avenue Freeze-Out
09 Tougher Than The Rest Avec Patti Scialfa
10 Brilliant Disguise Avec Patti Scialfa
11 Long Time Comin'
12 The Ghost Of Tom Joad
13 The Rising
14 Dancing In The Dark
15 Land of Hope and Dreams
16 Born To Run
Disponible chez tous les bons disquaires.