Télérama ouvre le bal

[Lionel]

Même impression même si je n'ai pas terminé toute l'interview.

Il semble avoir pillé le buffet en tout cas (mais la table ne s'est pas enlisée.. )

[villon]

un article sur rfi
http://www.rfimusique.com/actu-musique/ ... -pos%C3%A9

[Emmanuel]

Un article du journal Le Matin
Gérard Manset revient avec «Un oiseau s’est posé»
«Je n’ai jamais voulude succès populaire»
RENCONTRE Enigmatique et légendaire, le chanteur français sort de sa réserve pour évoquer la sortie d’un double album, relecture étincelante de son patrimoine.
Il refuse lesphotos, les vidéos, la télévision. Parle très rarement à la radio et à la presse. Ne s’est jamais produit en concert, ne se produira jamais. GérardManset est une énigme, il fait naître les fantasmes. Il a surtout imposé une carrière sans faille, qui met en relief une personnalité hors norme, une réflexion intense, une écriture rare et une musicalité dévorante.
Après plus de quarante-cinq ans de création – «Il voyage en solitaire » date de 1975 – il sort un superbe double album de ses chansons revues et corrigées, baptisé «Un oiseau s’est posé».
La proposition de votre maison de disques de relire vos titres ne pouvaitmieux tomber, non?
J’avais cette idée en tête depuis pas mal de temps, parce que dans la plupart des titres qui ont été enregistrés, il y avait des boîtes à rythme. Je voulais les remplacer par des batteries live, enregistrer en studio, ce que j’ai fait d’ailleurs. Je voulais aussi les pérenniser, en faire des sortes de chansons en valeurs absolues qui puissent rester beaucoup plus longtemps. Petit à petit, j’en ai rajouté quelques unes, je ne sais pas pourquoi j’allais piocher là ou ailleurs, en commençant par «Animal» qui date de 1968
et en arrivant sur «Genre humain», qui remonte à quelques années. C’est une sorte de relecture de quatre décennies en gardant les chansons les plus emblématiques, celles qui me semblaient résumer qui j’étais, ce que j’avais fait.
Vous avez une vision très noire de la société, et pourtant «Un oiseau s’est posé»montre un signe d’apaisement, de sérénité. L’oiseau ne se pose-t-il pas uniquement lorsqu’il est en sécurité?
Votrepropos est très féminin, très positif. Ce titre m’a été suggéré par un ami.Et j’ensuis très satisfait car, après l’avoir retenu, j’ai vu ce que je n’avais pas vu.Quant àmon côté noir, j’ai essayé de privilégier un regard plus sobre, plus égal sur cette vision terrible.
Je n’ai pas une vision défaitiste mais réaliste, malheureusement. On voit les gens souffrir,onvoit lemondepartir en vrille, lesmédias s’arranger avec tout ça. On voit le mensonge partout sous prétexte de transparence. On veut nous faire avaler que c’est la vérité, mais non, la vérité, elle est bien ailleurs, elle est plus simple, plus naturelle et plus humaine. Toutes ces choses sont viscérales chez moi mais elles sont quelque fois terriblement lourdes à dire, à entendre et à écrire, alors si, avec le temps, je peux avoir
une voix plus apaisée, si je peux faire des choses moins tendues… J’ai tenu compte du fait qu’il y a un Manset noir, sombre, réaliste, qui a une vision trop acérée des choses, et qui voulait quand même qu’un autre Manset, un peu plus léger, un peu plus poétique, vienne luiprêtermain-fortepour faire entendre ce matériel qui existe depuis quarante ans.
Vous avez l’album entre vos mains,que vous dites-vous?
Je suis très satisfait mais raisonnablement fier d’un matériel. J’ai toujours cette sensation étrange que je ne l’ai pas composé moi-même, que ça me vient du ciel, que ça m’est
tombé d’ailleurs. Je suis très satisfait demes compétences, ça peut sembler prétentieux mais non, il faut arriver à choisir, à manipuler, àmener à terme, je suis le seul architecte de la chose.
Comment une chanson vient-elle à vous?
Elle me vient, je n’ai pas d’explication. C’est une sorte de métempsychose, je suis revécu, réhabité, réinsufflé, parVillon, Ronsard, par qui on veut, mais en tout cas, c’est très cliniquement réel, tactile. Il y a un état de transe froide, réfléchie, raisonnée, calculatrice, dirigiste parce que tout mon talent, et il est immense dans ce registre-là, est de savoir quoi garder, quoi gérer. Avant, aux carrefours, quand il y avait trop de voitures, il y avait un agent de police au milieu avec un sifflet, qui disait à celle-ci d’aller à droite, à celle-là d’aller à gauche. Voilà,moi, je suis ce planton au milieu de la circulation de l’inspiration
et des créations, et je dis à ces mots d’aller à droite, d’aller à gauche ou de se garer.
On évoque souvent l’énigme Manset,mais existe-t-elle vraiment, cette énigme?
Oui, il y a quand même beaucoup d’énigme. On imagine mal, j’ai moi même du mal à imaginer, qu’avec toutes mes différences par rapport aux gens que je connais bien et que
j’estime, je puisse quand même continuer à m’insérer dans la société. Voilà la grande énigme. Je suis quasiment en total désaccord avec tout ce quim’entoure et j’arrive néanmoins à m’en accommoder. L’énigme, c’est que la plupart des artistes que je connais,
des cinéastes, photographes, peintres, auteurs, vont dans le sens de la société, ils trouvent tout très bien. Ils critiquent, ils ne sont pas d’accord avec tout mais ils sont inscrits dans la société. Moi, je suis en total désaccord et en porte-à-faux sur tout. Je ne devrais plus être là, comme Rimbaud qui est parti en Abyssinie et qui a vendu des armes. A un moment, il a fait une croix sur tout. Moi, j’ai fait une croix sur tout mais je continue.
Pourquoi êtes-vous encore là?
Je ne sais pas vraiment, ce n’est pas de la lâcheté mais une forme de fatalisme. Je n’ai pas le temps dem’interroger, il y a toujours des choses qui arrivent les unes après les autres et
peut-être uncôté altruiste.Peut-être que je préfère être dedans et continuer à voir avec mes yeux ouverts, même si mon regard n’est parfois pas explicable.
Les gens qui vous aiment, public ou artistes, ça vous fait plaisir?
Ça me fait plaisir, oui. En même temps, j’ai cherché à ce qu’il y ait des murs très épais qui interdisent à ceux qui ne sont pas entrés, qui n’ont pas franchi lamuraille, de distinguer quoi
que ce soit. Je ne peux donc pas me plaindre de ne pas être connu en dehors des quelques-uns qui me suivent. C’est à la fois raisonnablement envisageable que ceux qui ont mis le
doigt dedans soient prisonniers, captivés, et que les autres ne sachent pas.
Auriez-vous souhaité un succès populaire?
Non, je n’ai jamais voulu de succès populaire. J’ai obtenu bien plus que ce que j’aurais été en mesure d’espérer. J’ai fait des ventes importantes, des disques d’or à l’époque où c’était
100 000 albums, sans concéder quoi que ce soit, à qui que ce soit. J’ai toujours su qu’il y avait ces pénétrations, ces encoches dans le public. Je ne suis pas spécialement élitiste mais je pense que mon matériel n’est pas destiné à tout le monde. Je crois que mes titres
ont rendu captifs réellement ceux qui n’ont jamais rien trouvé dans la variété, dans l’actualité artistique conventionnelle, musicale mais pas uniquement. Même sur le plan de la littérature, à part Houellebecq et les " Particules élémentaires", il y a quinze ou vingt ans, est-ce qu’on a un auteur qui est sorti du lot? On a de très bons auteurs, qui écrivent très bien, qui racontent des faits divers, leur enfance. Mais enfin, on n’est pas dans
Nerval, dans une sorte de monde à part, de maladie de création artistique.
On est dans le journalisme, dans l’actualité, dans le quotidien. Et pour tous ceux qui ont besoin d’autre chose, peut-être ai-je rempli le rôle.

[roland65]

Merci !
Toujours aussi modeste, le bougre : "j'ai un talent immense"...
RB

[eNigmaNick]

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