Il y a quelques jours à la radio, un mélange haché d'un texte de Philippe Soupault et de dialogues extraits de "La soupe aux choux".....c'était censé être surréaliste, voire dadaïste, quand est apparu le mot "route", et là a débuté "Y'a une route" (et oh miracle on a eu droit à trois couplets entiers de la "route sublime de Gérard Manset").
Pour continuer dans les collages, un extrait de la "Trilogie des confins", de Cormac McCarthy, que je viens de terminer, et qui m'a fait penser à l'univers de Manset :
.....Il était assis et fumait. Le fourneau cliquetait en refroidissant. Au loin dans les collines derrière la maison un coyote jetait son cri. Autrefois quand ils allaient passer l'hiver dans la vieille maison à la limite sud est du ranch la dernière chose qu'il entendait le soir avant de s'endormir c'était le hululement du train qui filait vers le haut pays depuis El Paso, Sierra Blanca, Van Horn, Marfa, Alpine, Marathon. Passant à travers la nuit par la prairie bleue et continuant vers Longtry et Del Rio. La blanche trouée du phare de la loco découpant les buissons du désert et le long de la voie les yeux du bétail qui flottaient dans le noir comme des braises. Au flanc des collines les bouviers drapés dans leurs serapes qui regardaient en bas passer le train et les petits renards du désert qui venaient renifler sur ses traces la voie rendue à l'obscurité là où l'acier encore chaud des rails bourdonnait dans la nuit..."
et aussi :
....."Ils nous arrivent ici de votre paradis pourri pour trouver une chose qui est morte chez eux. Une chose pour laquelle ils n'ont peut-être même plus de nom. Comme ce sont des garçons de ferme les premier endroit où ils ont l'idée de chercher c'est évidemment un bordel".
Du sang tombait goutte à goutte de sa manche. De lentes boules noires qui disparaissaient par terre dans le sable noir.