Lundi 16 Mars 2009
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ALAIN BASHUNG. Son dernier concert aux Francos restera dans les mémoires
« Ce soir-là, je me suis senti immortel »
11 juillet 2008, Saint-Jean-d'Acre. « Comme un lego, mais sans mémoire ». (photo xavier léoty)
«La lunette d'un microscope et tous ces petits êtres qui courent ». Les paroles sont de Gérard Manset mais quand Alain Bashung les a livrées le 11 juillet dernier sur la grande scène des Francofolies, elles avaient tout d'un diagnostic médical livré à 10 000 spectateurs étreints par l'émotion. Oui, tout le monde savait qu'il avait un cancer. Oui, tout le monde savait qu'il ne reviendrait plus à La Rochelle.
Et les deux heures passées à écouter le testament musical du poète Bashung furent aussi magiques que tragiques. Une casquette pour cacher la perte de ses cheveux, des lunettes noires pour masquer ses yeux fatigués, le dos voûté, le nez plus aquilin que jamais, Alain Bashung ne chercha ni à apitoyer sur son sort, ni à cacher sa souffrance.
Il fut lui, tout simplement. Moins rocker qu'hier, plus sombre, économe en gestes mais généreux en mots, chacun prenant une résonance toute particulière dans la bouche de celui qui allait mourir « comme un insecte, mais sur le dos » entre le « noir sidéral » et les « plats d'amibes ».
Un homme malade, rongé de l'intérieur par les métastases, au bout de sa vie et « auquel on a fait croire que la douleur se cache ». Lors des Victoires de la musique il y a trois semaines, dans une interview à France-Info, il confia que ce concert du 11 juillet 2008 aux Francofolies de La Rochelle resterait sans doute son meilleur souvenir : « Ce soir-là, je me suis senti immortel », ajouta-t-il. Mais ce n'était qu'illusion.
Auteur : THOMAS BROSSET
t.brosset@sudouest.com