Marchand de rêves

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Marchand de rêves

Messagepar villon » 07 Sep 2024, 14:46

On a tendance a regretter ce fameux grand texte phare de son œuvre, en y regardant de près et compte tenu de l’expérience passée par son écoute répétée jusqu’à la lie, rembobinant la cassette pour ne pas user le vinyle, en relisant précisément on se rend compte, d’ailleurs de ce qu’il disait lui-même, que l’on est dans une forme ‘Sacem’ la répétition du refrain, cet espèce de reggae qui monte en puissance des instruments en même temps que les couplets avancent avec sa méthode de reprise tronquée du mot de la fin qui attend ‘Y a plus personne debout dans les rues’, des guitares. Et pourtant un texte bien moins dense de ses albums d’aujourd’hui, beaucoup plus diffus, aurait l’air d’être plus efficace par le sentiment poétique procuré. Je ne l’ai pas réécouté depuis fort longtemps, mais maintenant que les fans d’un jeu vidéo prisé courent et sautent dans les ruines d’Angkor-Vat, Le Marchand de rêves s’est fait la malle, enfin il nous reste l’imaginaire de ce que sa représentation passée avait de réel et d’envisageable in situ, l’ouvrage de Georges Groslier des danseuses khmères dessinées de ses mains. Je crois qu’avant 1981 pour ‘Train du soir’, l’accès du site était encore impossible au Cambodge jusqu’à la fin des années 90, alors sa chanson était un formidable rêve inspiré.

Extrait :
Marchand de rêves avec ta barque creuse
Entourée de femmes malheureuses
Marchand de rêves au bord du lac de sang
Y a plus personne debout quand le soleil descend
Et tous les enfants jaunes
Aux yeux de faune
Comme des ballons qui crèvent
Marchand de rêves
Marchand de rêves, va t'en plus loin encore
Jeter ta poudre dehors
Y a plus personne debout dans les rues
Au milieu des danseuses aux lèvres recourbées
On voit les ongles, les doigts de ceux qui sont tombés
De ceux qui sont tombés
Marchand de rêves au bord du lac de sang
Y a plus personne debout quand le soleil descend
Avec ta poudre rouge, tes yeux d'or, ta barque
Et les enfants qui bougent encore au fond du sac
Marchand de rêves, va t'en plus loin encore
Au fond des yeux fendus dans les yeux d'or
Frappe plus fort dans un silence de mort
Y a plus personne debout dans les rues d'Angkor
Y a plus personne debout dans les rues
Au milieu des danseuses aux lèvres recourbées
On voit les ongles, les doigts, de ceux qui sont tombés
De ceux qui sont tombés
Marchand de rêves, va t'en plus loin toujours
Avec ta barque sur la grève
Marchand de rêve, laisse tomber au fond du sac
Les têtes coupées qui chantent encore.
Y a plus personne debout dans les rues d'Angkor
Au milieu des danseuses aux lèvres recourbées
On voit les ongles, les doigts, de ceux qui sont tombés
Marchand de rêve, va t'en plus loin encore
Jeter ta poudre dans les yeux d’or
Et meure ou Pâris ou Hélène Quiconque meurt, Meurt à douleur
Celui qui perd vent et haleine Son fiel se crève sur son coeur
Corps féminin, qui tant es tendre Oui, ou tout vif aller ès cieux
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Re: Marchand de rêves

Messagepar roland65 » 09 Sep 2024, 09:57

Pas mal ce Marchand de rêves... Ça tient debout comme texte...
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Re: Marchand de rêves

Messagepar marcoo76 » 09 Sep 2024, 18:02

"Marchand de Rêves" est abscons et poétique.

J'adore ça ! :wink:
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Re: Marchand de rêves

Messagepar roland65 » 10 Sep 2024, 08:30

marcoo76 a écrit:"Marchand de Rêves" est abscons et poétique.


Pourquoi abscons ? C'est au contraire limpide... Le marchand de rêves qui jette sa poudre d'or dans les yeux des enfants...
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Re: Marchand de rêves

Messagepar marcoo76 » 10 Sep 2024, 09:54

roland65 a écrit:Pourquoi abscons ? C'est au contraire limpide... Le marchand de rêves qui jette sa poudre d'or dans les yeux des enfants...


Qui jette sa poudre dans les yeux d'or... :)
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Re: Marchand de rêves

Messagepar mykol » 10 Sep 2024, 18:02

Oui et d'ailleurs le 10ème vers du texte ci-dessus n’est pas
"Jeter ta poudre dehors"
mais bien
"Jeter ta poudre d'or".
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Re: Marchand de rêves

Messagepar Claire » 10 Sep 2024, 20:37

C'est vraiment un texte magnifique, avec une intensité émotionnelle incroyable.
L'art de Manset : mêler le plus sordide et le plus douloureux à l'or et la ferveur, la magie.

Le tragique de l'Histoire aussi, dit si subtilement.
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Re: Marchand de rêves

Messagepar roland65 » 10 Sep 2024, 21:10

Claire a écrit:C'est vraiment un texte magnifique


Qui met tout le monde d'accord, on dirait...
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Re: Marchand de rêves

Messagepar marcoo76 » 11 Sep 2024, 12:57

roland65 a écrit:
Claire a écrit:C'est vraiment un texte magnifique


Qui met tout le monde d'accord, on dirait...


Manset s'est réclamé, entre autres, du surréalisme, à moins que cela ne vienne d'un journaliste, mes souvenirs sont lointains. En tout cas "Marchand de Rêves" va dans ce sens, je trouve.
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Re: Marchand de rêves

Messagepar villon » 15 Sep 2024, 20:11

Toute cette Asie du Sud-Est si merveilleuse a bien changé depuis, la nature défigurée, les mers Philippines envahit de plastique ainsi que les poissons, ce ne sont plus les mêmes voyages, tous ces textes qui nous transportaient devenus des songes d’un passé, GM avait pressenti la disparition en l’état en se fabriquant des souvenirs pour maintenant. Il reste bien entendu les gens et des morceaux inoubliables. En témoignent ses livres photo avec sa marque, ses cadrages spécifiques, ses choix du sujet, il parle d’un atelier idéal à ciel ouvert, en pleine lumière.
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Re: Marchand de rêves

Messagepar villon » 16 Sep 2024, 12:58

‘Finir pêcheur’ est une sorte de transposition de sa vision des Philippines de l’époque, une perle.

Un jour, finir pêcheur
Avaler le compteur
Regarder sans voir
Le calendrier
Qui tombe en poussière
Qu’elle est loin, la terre
Qu’elle est loin, la terre
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Re: Marchand de rêves

Messagepar marcoo76 » 16 Sep 2024, 14:30

villon a écrit:Toute cette Asie du Sud-Est si merveilleuse a bien changé depuis, la nature défigurée, les mers Philippines envahit de plastique ainsi que les poissons, ce ne sont plus les mêmes voyages, tous ces textes qui nous transportaient devenus des songes d’un passé, GM avait pressenti la disparition en l’état en se fabriquant des souvenirs pour maintenant. Il reste bien entendu les gens et des morceaux inoubliables. En témoignent ses livres photo avec sa marque, ses cadrages spécifiques, ses choix du sujet, il parle d’un atelier idéal à ciel ouvert, en pleine lumière.


Entièrement d'accord avec toi. C'est déjà ancien comme phénomène, il n'y a qu'à écouter "La Mer rouge" qui décrivait dès 1981 la "civilisation" rattraper la Mer rouge d'Henry de Monfreid.
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Re: Marchand de rêves

Messagepar villon » 16 Sep 2024, 20:19

Les coraux ont disparu, par contre les requins et les pirates eux sont restés, le bilan carbone de gm est très mauvais compte tenu de ses nombreux voyages en long-courriers vides dit-il.
Avec des couplets terribles dans ‘Oraison’, sans cesse sa course de vivre ce qui va disparaître irrémédiablement ou bien changer de forme selon le Bouddhisme ; laissons les murs s’effriter, bon tout le texte est sans appel.

Extrait :

Mais on se pince, on pleure
Sur le pas des maisons

C’est bien une oraison
Faites comparaison :
Ce qui est, ce qui fut
La nature est amour

Or la nature a peur
C’est donc l’amour qu’on tue
C’est donc l’amour qu’on tue
Et meure ou Pâris ou Hélène Quiconque meurt, Meurt à douleur
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