On a tendance a regretter ce fameux grand texte phare de son œuvre, en y regardant de près et compte tenu de l’expérience passée par son écoute répétée jusqu’à la lie, rembobinant la cassette pour ne pas user le vinyle, en relisant précisément on se rend compte, d’ailleurs de ce qu’il disait lui-même, que l’on est dans une forme ‘Sacem’ la répétition du refrain, cet espèce de reggae qui monte en puissance des instruments en même temps que les couplets avancent avec sa méthode de reprise tronquée du mot de la fin qui attend ‘Y a plus personne debout dans les rues’, des guitares. Et pourtant un texte bien moins dense de ses albums d’aujourd’hui, beaucoup plus diffus, aurait l’air d’être plus efficace par le sentiment poétique procuré. Je ne l’ai pas réécouté depuis fort longtemps, mais maintenant que les fans d’un jeu vidéo prisé courent et sautent dans les ruines d’Angkor-Vat, Le Marchand de rêves s’est fait la malle, enfin il nous reste l’imaginaire de ce que sa représentation passée avait de réel et d’envisageable in situ, l’ouvrage de Georges Groslier des danseuses khmères dessinées de ses mains. Je crois qu’avant 1981 pour ‘Train du soir’, l’accès du site était encore impossible au Cambodge jusqu’à la fin des années 90, alors sa chanson était un formidable rêve inspiré.
Extrait :
Marchand de rêves avec ta barque creuse
Entourée de femmes malheureuses
Marchand de rêves au bord du lac de sang
Y a plus personne debout quand le soleil descend
Et tous les enfants jaunes
Aux yeux de faune
Comme des ballons qui crèvent
Marchand de rêves
Marchand de rêves, va t'en plus loin encore
Jeter ta poudre dehors
Y a plus personne debout dans les rues
Au milieu des danseuses aux lèvres recourbées
On voit les ongles, les doigts de ceux qui sont tombés
De ceux qui sont tombés
Marchand de rêves au bord du lac de sang
Y a plus personne debout quand le soleil descend
Avec ta poudre rouge, tes yeux d'or, ta barque
Et les enfants qui bougent encore au fond du sac
Marchand de rêves, va t'en plus loin encore
Au fond des yeux fendus dans les yeux d'or
Frappe plus fort dans un silence de mort
Y a plus personne debout dans les rues d'Angkor
Y a plus personne debout dans les rues
Au milieu des danseuses aux lèvres recourbées
On voit les ongles, les doigts, de ceux qui sont tombés
De ceux qui sont tombés
Marchand de rêves, va t'en plus loin toujours
Avec ta barque sur la grève
Marchand de rêve, laisse tomber au fond du sac
Les têtes coupées qui chantent encore.
Y a plus personne debout dans les rues d'Angkor
Au milieu des danseuses aux lèvres recourbées
On voit les ongles, les doigts, de ceux qui sont tombés
Marchand de rêve, va t'en plus loin encore
Jeter ta poudre dans les yeux d’or